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 Edward Bernays : membre de Tavistock, neveu de Freud et père de la manipulation sociale
Il est le père de la manipulation mentale moderne et de la propagande au profit de l'élite au pouvoir
Steven Macmillan, invité, Waking Times
Edward Bernays était passé maître dans l'art d'influencer et de façonner l'opinion publique, en se fondant sur les idées des premiers psychologues sociaux et sur les travaux de son oncle, Sigmund Freud, pour créer des techniques destinées à manipuler les désirs subconscients des masses.
Tout au long des 103 années de sa vie, le "père des relations publiques" a été au sommet de son art, et a conseillé les présidents américains Coolidge, Eisenhower, Hoover et Wilson, mais aussi l'inventeur Thomas Edison, l'industriel américain Henry Ford et la First Lady Eleanor Roosevelt. On dit qu'il a également refusé les invitations d'Hitler et de Franco à travailler sur les campagnes de propagande fascistes en Europe.
À la fin de la Première Guerre mondiale, Bernays a servi en tant que propagandiste en faveur de l'Amérique, avant de travailler pour différents services gouvernementaux et grandes entreprises tout au long de sa vie, dont le ministère étasunien des affaires étrangères (le département d'État US), CBS, Procter & Gamble, l'American Tobacco Company, tout comme il a conçu la campagne de propagande de la United Fruit Company, qui a mené en 1954 au coup d'État fomenté par la CIA contre Jacobo Árbenz, le président du Guatemala.
Bernays est parti des travaux de gens tels que le psychologue social français Gustave Le Bon pour créer des techniques faisant appel aux émotions subconscientes du public, et qui n'encourageant donc pas le public au débat rationnel et intellectuel. Le Bon a étudié les caractéristiques mentales et le comportement des foules, persuadé que lorsqu'ils font partie d'une masse, les individus se soumettent à l'esprit de la foule, et qu'un être humain se comporte alors de manière plus émotive et irrationnelle. Bernays a observé qu'un propagandiste qui pourrait comprendre les "motivations de l'esprit de groupe", possèderait la capacité de "contrôler et d'enrégimenter les masses" :
"L'étude systématique de la psychologie de masse a révélé aux étudiants les potentialités du gouvernement invisible de la société par la manipulation des motivations qui font agir l'homme au sein du groupe. Trotter et Le Bon qui ont abordé le problème d'une manière scientifique, tout comme Graham Wallas, Walter Lippmann, et d'autres qui ont poursuivi les recherches en effectuant des études sur l'esprit de groupe, ont établi que celui-ci possède des caractéristiques mentales distinctes de celles de l'individu, et qu'il est motivé par des impulsions et des émotions qu'on ne peut expliquer par ce que nous savons de la psychologie individuelle. Donc la question s'est naturellement posée : en comprenant les mécanismes et les motivations de l'esprit de groupe, n'est-il pas possible de contrôler et d'enrégimenter les masses à notre gré sans qu'ils le sachent ?" (Bernays, [Propaganda] 1928, p. 71 de l'édition en anglais)
Bernays continue à révéler la capacité croissante du propagandiste à comprendre et à modifier avec succès "l'opinion publique" dès les années 1920, bien avant qu'il y ait des téléviseurs dans chaque foyer et bien avant les techniques médiatiques sophistiquées d'aujourd'hui :
"La pratique récente de la propagande a démontré que ceci était possible, du moins jusqu'à un certain point et dans certaines limites. La psychologie de masse est encore loin d'être une science exacte et les mystères de la motivation humaine ne sont en aucune façon tous révélés. Mais, tout au moins, théorie et pratique se sont combinées de manière suffisamment satisfaisante pour nous permettre de savoir que nous sommes capables, dans certains cas, d'altérer en partie l'opinion publique avec une précision raisonnable en utilisant un certain mécanisme, tout comme l'automobiliste peut réguler la vitesse d'une automobile en agissant sur l'arrivée d'essence." (Bernays, 1928, pp. 71 & 72)
La prémisse fondamentale de la thèse de Bernays est que les êtres humains sont "rarement conscients" des vrais désirs et motivations qui sous-tendent leurs actions, et si certains individus parvenaient à découvrir les vrais désirs de l'esprit de groupe, le public pourrait être influencé et manipulé sans qu'il le sache :
"Les hommes sont rarement conscients des véritables raisons qui motivent leurs actions (...) Ce sont essentiellement les psychologues de l'école freudienne qui ont fait remarquer que nombre des pensées et actions de l'homme sont des substituts compensatoires à des désirs qu'il lui a fallu supprimer. Il peut désirer quelque chose, non pour sa valeur ou pour son utilité intrinsèques, mais parce qu'il en est inconsciemment arrivé à le considérer comme le symbole d'autre chose, et qu'il a honte en lui-même d'admettre qu'il désire cette chose. (...) Ce principe général, selon lequel les hommes sont en grande partie mus par des motivations qu'ils se cachent à eux-mêmes, est valable pour la psychologie de la masse comme pour celle de l'individu. Il est évident que le bon propagandiste se doit de comprendre les vraies motivations et ne pas se contenter d'accepter les justifications que les hommes donnent à leurs actions. (...) Les désirs humains sont la vapeur qui fait fonctionner la machine sociale. Ce n'est qu'en les comprenant que le propagandiste peut commander ce mécanisme flexible qu'est la société moderne." (Bernays, 1928, p. 74, p. 75 & p. 76)
L'étude de la psychologie des masses et du comportement grégaire étaient des domaines importants qu'il était nécessaire de comprendre pour manipuler intelligemment le public :
"Le fondement même d'une propagande réussie est d'avoir un objectif, puis de tout mettre en œuvre pour le réaliser par une connaissance exacte du public, en altérant les circonstances afin de manipuler et d'infléchir ce public (Bernays, 1928, p. 126). Mais c'est clairement aux minorités intelligentes qu'il échoit d'utiliser constamment et systématiquement la propagande. (...) De petits groupes de personnes ont la capacité, et ils l'utilisent, de faire que le reste d'entre nous pensent ce qu'il leur plaît sur un sujet donné." (Bernays, 1928, p. 57)
Dans l'ancien temps, les chefs de tribu, d'un groupe ou d'une société, possédaient un immense pouvoir sur les autres gens, spécialement en sachant utiliser l'art de la persuasion. Les dirigeants politiques des temps modernes ont la capacité de vraiment façonner et modeler en profondeur la psychologie de leurs partisans, particulièrement s'ils possèdent celle d'utiliser efficacement la propagande :
"La voix du peuple exprime l'avis du peuple, et cette opinion lui est fournie par les dirigeants du groupe auxquels croit ledit groupe, et par ceux qui comprennent la manipulation de l'opinion publique. Heureusement, l'homme politique sincère et doué peut, au moyen de cet instrument qu'est la propagande, modeler et former la volonté du peuple." (Bernays, 1928, p. 109)
Bernays révèle que les propagandistes du pouvoir se doivent de manipuler et contrôler "l'opinion publique" en comprenant les techniques de gestion dudit public :
"La manipulation consciente et intelligente des habitudes et opinions organisées des masses est un élément important de la société démocratique. Ceux qui manipulent ce rouage caché de la société constituent un gouvernement invisible qui est le véritable pouvoir aux commandes de notre pays. Nous sommes gouvernés, notre esprit est façonné, nos goûts formés, et nos idées suggérées, en grande partie par des hommes dont nous n'avons jamais entendu parler. (...) Quelle que soit notre attitude face à cet état de faits, il n'en reste pas moins que dans presque tous les actes de notre vie quotidienne, qu'il s'agisse de la sphère du politique ou de celle des affaires, de notre conduite en société ou de notre éthique, nous sommes dominés par un nombre de gens relativement restreint -- une fraction insignifiante des cent vingt millions que nous sommes -- qui comprennent les processus mentaux et schémas sociaux des masses. Ce sont eux qui tirent les ficelles qui actionnent l'opinion publique, qui contrôlent les vieilles forces sociales, et qui imaginent de nouveaux moyens de relier et de guider le monde." (Bernays, 1928, pp. 37-38)
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Bon... alors que doit-on penser des foules qui s'enthousiasment pour des crétins comme Trump ou Killary ?
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