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Project Avalon
Une chronique de l'éveil humain
...là où se rencontrent science et spiritualité

C sur le Forum...


RECHERCHES LIÉES AUX CONSPIRATIONS
 





"Un Juif israélien honnête raconte la vérité sur Israël"

(Seattle, État de Washington, octobre 2012)



Source : http://www.youtube.com/watch?v=etXAm-OylQQ


"Pourquoi le fils d'un G
ÉNÉRAL ISRAÉLIEN parle en faveur de la PALESTINE"

Transcription et traduction par The Avalon Translation Project.



"Publié le 2 décembre 2012

Miko Peled est né à Jérusalem dans une famille israélienne sioniste célèbre et influente. Son père était un général illustre de l'Armée de terre israélienne, dans laquelle Miko a aussi accompli son service militaire. Quand la nièce de Miko a été tuée par des kamikazes palestiniens, on aurait pu s'attendre à ce que les membres de la famille en rejettent la faute sur les Palestiniens mais, étonnamment, ils en ont accusé l'État d'Israël, dont les tortures et la persécution violentes ont amené les gens à un désespoir tel qu'ils ont sacrifié leur vie.

En s'aidant de tout ce que son père savait de la guerre de terreur israélienne, et de ses propres recherches, Miko Peled détruit les mythes associés à la situation d'Israël et de la Palestine, et proclame une vérité si accablante que de nombreux Juifs et partisans d'Israël ne pourront pas la supporter. Il révèle par exemple que les Juifs expulsés à l'origine ne sont pas ceux qui reviennent, qu'ils n'en sont pas non plus les descendants, il traite du double langage lié au droit du retour, qui ne s'applique pas aux Palestiniens, et dissipe le mythe que le conflit existe depuis des siècles en produisant la preuve que la paix régnait jusqu'en 1947, moment où Israël a lancé ses attaques illégales.

Miko n'est qu'un des nombreux Juifs d'aujourd'hui qui s'opposent au Sionisme et à l'État d'Israël et, au regard des informations qu'il présente dans cet exposé, il n'est pas difficile de voir pourquoi de plus en plus de Juifs rejettent le Sionisme et appellent au démantèlement d'Israël. Ceci devrait ouvrir les yeux de tous ceux qui ont été aveuglés par la désinformation propagée par les grands médias, et les vérités viennent directement du pays même où il a passé de nombreuses années à donner chair à la véritable histoire."




Contenu de la vidéo



(Écran)
Le militant israélien pour la paix
Miko Peled
parlera de son nouveau livre
"The General's Son
Journey of an Israeli in Palestine"
(Le fils du général
Itinéraire d'un Israélien en Palestine)



Miko Peled : Cette église est belle, donc merci une fois de plus au pasteur de nous avoir autorisés à l'utiliser. Elle est vraiment belle, et merci à vous tous d'être ici ce soir et... et de vous sentir concernés au point d'y consacrer du temps, d'écouter, de participer et d'agir.

Je commencerai mes remarques par une clause de non-responsabilité. La voici :

Si quelqu'un ici est venu dans l'espoir d'entendre un exposé objectif, il va être profondément déçu.

Je le dis, parce qu'une grande partie de ce que vous allez entendre ce soir est difficile à entendre, mais aussi parce que je ne crois pas qu'un exposé objectif sur ce sujet soit possible.

Toute personne suffisamment motivée pour parler de cela a probablement une opinion très marquée, dans un sens ou dans l'autre. Presque tout le monde a sur ce problème des sentiments et ressent de fortes émotions, dans un sens ou dans l'autre.

C'est pour moi quelque chose d'extrêmement personnel, et le problème lui-même n'a rien d'objectif. Il n'existe aucun aucune objectivité dans ce problème. Je dis donc qu'il ne peut exister aucun exposé objectif là-dessus, et si quelqu'un prétend que son exposé est objectif, ou bien il se trompe, ou bien il trompe son auditoire.

Tout ce problème d'Israël et de la Palestine fait l'objet de tant de mythes, et il y a tant de double langage quand on parle de cette question...

Je vais vous donner deux exemples. J'ignore si vous avez entendu le discours de Bibi Netanyahu aux Nations Unies. Je ne l'ai pas entendu en direct, mais plus tard, après la fin de son discours. Et il l'a commencé avec probablement les deux exemples les plus frappants de mythe et de double langage.

Et il a commencé par parler du droit au retour des Juifs dans leur ancienne patrie. Et bien sûr les Juifs qui revenaient à leur soi-disant ancienne patrie n'étaient pas exactement les mêmes Juifs que ceux qui ont été expulsés de leur patrie. D'accord ? Parce que ces derniers ont été expulsés quelques milliers d'années auparavant.

Ceux-là ne sont pas non plus leurs descendants parce qu'ils..., que ça fait très longtemps. Donc ce sont des gens... les gens qui sont effectivement revenus, pour ainsi dire, sont des gens qui revendiquent une sorte d'héritage, une sorte de lien, de relation avec les anciens Hébreux.

Et ils revendiquent le droit de revenir dans leur ancienne patrie, et c'est ça le Sionisme, et le monde l'a accepté comme un droit. Ils avaient le droit de revenir.

Bon, si on parle du droit au retour d'une nation, on s'attendrait à ce que... si nous l'acceptons comme un principe, on peut s'attendre à ce que nous l'acceptions en général, pour tous.

Quand les gens parlent du droit au retour des Palestiniens dans leur patrie, soudain un feu rouge s'allume, et il est impossible de parler du droit de retour des Palestiniens. Ce doit être retiré de la table des négociations, c'est non-négociable.

Le droit au retour des Palestiniens est inacceptable.

Ce qui est intéressant à ce sujet, c'est que le droit au retour des Palestiniens -- très souvent nous parlons des gens eux-mêmes qui ont dû quitter leur foyer, et s'ils sont déjà décédés, nous parlons alors de leurs descendants directs. Ces gens possèdent encore les clés et les titres de propriété de leur maison, et peuvent très souvent se rendre sur le lieu même où se trouvait leur village, qui a peut-être fait place maintenant à une grande route, et dire où se trouvaient la mosquée, le puits, la porte de leur foyer.

Mais, eux, ne bénéficient pas de ce droit au retour.

Donc il s'agit là d'un gigantesque double langage.

L'autre chose dont a parlé Bibi tout au début de son discours : le Roi David. Qui a régné il y a quelque 3000 ans, et nous, aujourd'hui, nous sommes ses descendants...

Ce qui est intéressant ici, c'est qu'outre l'absence de preuves historiques que le roi David ait jamais existé -- en-dehors de la Bible qui, bien sûr, n'est pas un document historique -- et des archéologues israéliens ont retourné tout le pays afin de prouver qu'il avait existé.

Aujourd'hui, au moment où nous parlons, toute une ville, toute une communauté est jetée hors de ses foyers, et forcée de s'exiler, par la violence, afin de prouver que le roi David a existé en un lieu nommé Silwan. Il s'agit d'une communauté de 50.000 personnes, juste hors les murs de la vieille-ville de Jérusalem.

Mais le monde n'y voit rien de mal. L'argent américain est versé à flots dans ce projet afin de construire ce qu'on appelé la Nouvelle Cité de David, un parc archéologique. Et il faut terroriser une communauté de 50.000 Palestiniens pour qu'ils s'en aillent. On détruit leurs maisons afin de prouver cette théorie. Ce lien fictif, mythique entre l'ancien royaume du roi David et Israël d'aujourd'hui.

Voilà donc juste deux exemples, et il est intéressant que Bibi Netanyahu ait décidé de débuter un discours aux Nations Unies par ces deux choses-là.

Mais ce que j'aimerais faire aujourd'hui, c'est juste commencer par un peu d'histoire. (Si vous pouvez poursuivre avec la première diapo. Merci.)

On dit de ce conflit, de ce conflit en Terre Sainte, que ce conflit ente Israéliens et Palestiniens existe depuis si longtemps que personne ne pourra jamais le résoudre. Qu'il se déroule depuis des milliers d'années, que les gens s'entretuent là depuis toujours.


(Écran)
De 1947 à aujourd'hui
campagne systématique de purification ethnique en cours



Ce n'est pas vrai ! Et un bon point de départ, si nous voulons parler des origines de ce conflit, un bon point de départ serait le 29 novembre 1947, le jour où les Nations Unies ont accepté la résolution entérinant la partition de la Palestine en un État juif et un État arabe. Et cette carte ridicule est tout ce qu'ils ont trouvé.

En regardant cette carte, avant même d'entre les détails, avant de parler des détails de cette carte, juste en la regardant, il semble incroyable que quelqu'un ait pu penser que ça pouvait marcher. Et bien sûr, ça n'a pas même pas tenu un jour.

En 1947, il y avait deux communautés menant des vies parallèles. Il y avait la communauté juive, forte d'environ un demi-million, peut-être un peu moins, ils espéraient et s'attendaient à devenir un État ; et vous aviez la communauté arabe palestinienne, d'environ un million et demi, qui étaient incluses dans ce processus et espéraient devenir un État.

Mais lorsque les Nations Unies sont arrivées avec ce plan ridicule, ils ont attribué la plus grande portion du pays à la plus petite communauté, à la communauté juive, et la plus petite portion des terres à la plus grande des deux communautés.

Puis les gens ont dit -- et aujourd'hui encore, les gens disent : "Vous voyez, les Arabes n'ont pas accepté le plan de partition : c'est donc leur faute !"

Quelqu'un était-il assez fou pour penser qu'ils accepteraient ça ? Est-ce que quiconque, et les Palestiniens à sa place, aurait accepté ça ? Bien sûr que non, et bien sûr, comme je l'ai dit, ça n'a pas duré, même pas un seul jour.

Parce que dès que la résolution a été acceptée, les forces sionistes -- qu'on appelait la Haganah, le Palmach, ont débuté une grande campagne de purification ethnique...

Maintenant, l'histoire qu'on entend, les mythes qu'on a racontés au sujet de 1947, et que j'ai encore entendus aujourd'hui au Seattle Times, c'est qu'en 1947, après que les Nations Unies ont ENFIN reconnu le droit des Juifs à disposer de leur propre État, l'armée arabe a attaqué, en tentant de détruire cet État inexpérimenté, cette jeune communauté juive .

Et ce, seulement 7 ans après l'Holocauste nazi...

Pourtant, en quelque sorte, entre la fin 1947 et la fin de 1948, les forces sionistes ont trouvé le moyen de conquérir presque 80 % du pays, de détruire plus de 500 villes et villages, y compris des écoles, des mosquées, des églises, et des maisons, et d'exiler près d'un million de gens -- en l'espace de 12 mois !

Comment ont-ils pu réussir ça, s'ils étaient attaqués par d'énormes armées venues de l'extérieur ?

Mais une fois de plus, quand on regarde les faits, on se rend compte qu'en 1947 la communauté juive, la communauté sioniste,  possédait une force militaire tout à fait importante, une force de près de 40.000 hommes armés. Et bien entraînée, bien endoctrinée. Mon père en faisait partie !

Il n'existait aucun équivalent du côté palestinien. Les Palestiniens n'ont jamais eu de force militaire. Jusqu'à aujourd'hui les Palestiniens n'ont jamais eu d'armée ni de force militaire...

Il n'existait rien d'équivalent de l'autre côté. L'armée arabe, telle qu'elle était, n'est pas entrée en guerre avant mai 1948. Une grande partie de l'épuration ethnique avait déjà eu lieu, la guerre durait déjà depuis plus de  six mois à l'époque.

Donc, bien sûr, ceci est un mythe. C'est un mythe, mais personne ne prend le temps de faire son enquête, ni de remettre en question. Mais, une fois de plus, la réalité, c'est qu'au cours d'une période de six mois, s'il a été fait tant, c'est que c'était là précisément le but des forces sionistes : s'approprier autant de terres que possible, et se débarrasser d'autant de gens que possible. 

C'est exactement ce qu'ils ont fait. (Pourrais-je avoir la suivante, s'il vous plaît ?)



(Écran)
Une histoire personnelle qui contredit la version officielle nationale



Vous avez entendu l'histoire de Judith, liée à celle de ma mère. Voici ma mère : elle a 86 ans maintenant et habite toujours Jérusalem. Elle est née et a grandi à Jérusalem. Autrefois elle me racontait que, quand elle était jeune, elle se promenait le samedi après-midi et dans de nombreux beaux quartiers de Jérusalem. Et je parle du nouveau Jérusalem, de celui qui était bâti hors des murs de la Cité.

Ces communautés palestiniennes avaient de belles maisons. Elle se promenait et voyait le samedi après-midi les familles assises sous ou près d'un citronnier, etc.

Et donc, en 1948 -- elle habitait toujours Jérusalem -- on a forcé ces communautés à partir, et leurs maisons ont été données à des familles israéliennes. On lui a offert une de ces maisons mais, comme vous l'avez entendu, elle a refusé. La pensée de prendre le foyer d'une autre famille ne lui plaisait pas.

Puis elle a vu les pillages et, encore aujourd'hui, quand elle en parle, on peut voir qu'elle en a terriblement honte.

Mais, ce qui est intéressant, c'est que je me rappelle avoir entendu les histoires, quand j'étais enfant, il y a bien des années, et pendant très longtemps, et ce n'est que lorsque j'ai réellement travaillé au livre et que je lui en ai de nouveau parlé, que j'ai compris pourquoi cette histoire m'avait gêné toutes ces années. Parce que cette histoire me gênait : il y avait là quelque chose de perturbant.

Ce n'est qu'alors que j'ai compris qu'elle était perturbante parce qu'elle était en contradiction avec l'Histoire nationale. Cela contredisait ce que j'avais appris à l'école : que les Arabes avaient attaqué, nous avons gagné, ils sont partis et nous avons récupéré le butin. 

Qu'y a-t-il donc de mal à leur prendre leurs maisons ?

Si c'est la vérité, il n'est pas mal de récupérer leurs maisons. Ils ont attaqué, on a gagné : c'est réglo !

Mais une fois encore, réentendre cette histoire que j'avais en tête, encore et encore, m'a en quelque sorte perturbé. Et en voilà exactement la raison. La vérité, c'était l'histoire personnelle, pas l'Histoire nationale. (Pouvez-vous me passer la suivante, svp ?)



(Écran)
Le général : Matti Peled. L'histoire unique d'un général israélien
devenu le champion des droits palestiniens.



Le titre du livre est "Le fils du général", et le sous-titre : "Itinéraire d'un Israélien en Palestine". Donc le fils du général, c'est en partie qui je suis, et voici mon père en tenue de général.

Après la proclamation de l'État d'Israël, la milice juive, la milice sioniste, est devenue l'armée israélienne. Il y est resté comme officier, il a eu une longue et, euh... intéressante carrière militaire.

Vingt ans plus tard, en 1967, pour faits de guerre, il était déjà devenu général. On a beaucoup écrit sur 1967 et sur les causes de la guerre. Et sur qui a en fait déclenché la guerre et pour quelle raison. On a écrit beaucoup de livres, tourné beaucoup de films là-dessus. C'est une période intéressante.

Juste pour l'histoire : quelque chose dont je me souviens, le président égyptien, Nasser, venait juste de décider de flanquer à la porte les casques bleus de L'ONU présents dans la péninsule du Sinaï, et qui séparait l'Egypte d'Israël. Et, en rupture avec l'accord de cessez-le-feu qui existait entre ces deux pays, les troupes égyptiennes sont entrées dans la péninsule du Sinaï.

Les généraux ont vu là une cause de guerre, une cause légitime de guerre.

Et ils ont poussé à la guerre.

Le Cabinet israélien, cependant, hésitait. Ils n'étaient pas aussi enclins à déclencher une guerre. Et cette lutte de pouvoir a commencé, entre ces deux groupes. Il existait une différence intéressante entre ces deux groupes. Les membres du Cabinet étaient plus âgés, la plupart avaient autour de 70 ans, un peu plus, un peu moins ; ils étaient nés en exil, ils étaient arrivés avec tout ce bagage d'exilés, de pogroms. À peine 25 ans plus tôt, c'était l'Holocauste. Ils avaient tout ça sur les épaules et peur que la guerre puisse mener à un holocauste.



(Écran)
25 ans après l'Holocauste, et après 2000 ans d'exil :
la terre d'Israël est donnée au Peuple Juif



Les généraux, néanmoins, n'avaient guère plus de 40 ans, ils étaient presque tous nés en Palestine, ils étaient presque tous membres de la milice sioniste en 1948. Ils étaient ce que j'aime appeler les Nouveaux Juifs que voulaient créer les Sionistes : plein de testostérone, très sûrs d'eux, très volontaires et désireux de se battre. Et ils ont créé l'armée israélienne.

Bon, ils voulaient se battre et ils ont vu là une occasion de commencer une autre guerre.

Le mythe qu'on nous racontait à ce sujet, on nous disait que lors de la guerre de 1967, Israël était une fois de plus attaqué par trois énormes armées qui souhait le détruire.

Et une fois encore, miraculeusement, d'une certaine manière, nous les Israéliens, nous avons prévalu.

Parce que nous sommes plus intelligents, parce que nous sommes mieux entraînés, que nous sommes plus motivés et, comme nous l'avons entendu récemment, que nous sommes en quelque sorte culturellement supérieurs aussi, peut-être -- qui sait -- Mais pour toutes ces raisons, pour toutes ces raisons, nous avons prévalu et vaincu les armées arabes.

Une fois de plus, en travaillant au livre, il m'a fallu consulter les archives de l'armée israélienne pour en savoir plus sur la carrière de mon père. Je suppose qu'il a fait une très, très intéressante carrière militaire. Et ce qui m'intéressait en particulier, c'était les comptes rendus des réunions des généraux qui ont mené à la guerre de 1967.

Là encore, on a beaucoup écrit sur ces réunions. Je ne m'attendais donc pas à trouver quoi que ce soit de nouveau. Parce que j'avais lu tout ce qui existait là-dessus. Mais dès que j'ai commencé à lire, j'ai vu ce que je n'avais jamais vu nulle part ailleurs : mon père le dit, et plusieurs autres généraux le disent aussi, pour tenter de convaincre le Cabinet de lancer la guerre. Et c'est que l'armée égyptienne n'est pas prête pour la guerre. Et que donc, il nous faut attaquer maintenant. Ils ont dit en fait que l'armée égyptienne avait encore besoin d'au moins un an et demi à deux ans avant d'être prête pour la guerre. Nous avons donc là une occasion extraordinaire, pour la troisième fois, de détruire l'armée égyptienne. Et le fait que l'armée égyptienne ait amenée ses troupe dans le Sinaï, et plus près de nous, plus près d'Israël, nous rend d'autant plus facile sa destruction.

Là, ils ne parlent pas d'une menace existentielle, ils ne parlent d'aucune menace, ils parlent d'une occasion, d'une occasion militaire de, une fois de plus, vaincre l'armée égyptienne.

Donc, une fois de plus, le mythe fait pschitt.

Les généraux, bien sûr, l'ont emporté. Le gouvernement leur a donnés le feu vert pour lancer une attaque préventive contre l'Égypte. L'armée égyptienne a été décimée en quelques jours, la péninsule du Sinaï conquise une fois de plus, la bande de Gaza conquise, et les généraux en voulaient plus.

Les généraux en voulaient plus !

Ils voulaient la Cisjordanie, qui était pour eux un point sensible, parce qu'en 1948, ils voulaient la prendre. En 1948, ils étaient de jeunes commandants, et ils voulaient déjà la Cisjordanie. Mais pour des raisons politiques, Israël avait décidé de ne pas la prendre.

Eh bien, il y avait là une occasion, et ils ont conquis la Cisjordanie.



(Écran)
(Carte du Moyen-Orient)



Et cela faisait longtemps aussi qu'ils voulaient conquérir les hauteurs du Golan, parce qu'elles dominent la Galilée, il y a beaucoup d'eau là-bas, et ils les ont prises également.

Il y avait aussi beaucoup d'ambition derrière ça. Le commandant du Nord voulait les hauteurs du Golan, le commandant du Centre voulait... ils voulaient tous les lauriers de la victoire.

Ils ne doutaient absolument pas de leur future victoire.

En 6 jours, en 6 jours, l'armée israélienne a vaincu et détruit trois armées arabes, conquis la Cisjordanie, les hauteurs du Golan, la péninsule du Sinaï, la bande de Gaza, a tué plus de 15.000 soldats arabes, pour une perte de 700 soldats dans l'armée israélienne ; 15.000 à 700 : une sacrée proportion !

Et tout cela a été fait en 6 jours, alors que les armées arabes les attaquaient ??

Membre de l'auditoire : ...l'USS Liberty .... 34 morts américains... (inaudible)

Miko Peled : Vrai... Vrai... Vrai... Voilà une autre de ces histoires, et personne n'en parle. L'USS Liberty, c'est exact.

Donc, de nouveau, le mythe fait pschitt, une fois qu'on regarde les faits.

Bon, mon père a fait quelque chose de très intéressant. Dès la fin de la guerre, à la toute première réunion des généraux, à la toute première réunion hebdomadaire, il s'est levé et a déclaré : "Maintenant nous avons une occasion de résoudre la question palestinienne. Nous pouvons maintenant offrir aux Palestiniens un État, en Cisjordanie et à Gaza. Si nous le faisons, ce sera le premier État arabe avec lequel Israël aura un accord de paix. Ce sera une tête de pont vers d'autres accords de paix avec les autres pays arabes, et la Palestine, bien sûr, reste la question centrale, et nous pourrons continuer à vivre en étant l'État juif démocratique que nous voulons être."

Et pendant qu'il disait ça, un énorme programme de colonisation et un programme de purification ethnique commençaient en Cisjordanie.

Des centaines de milliers de gens ont été expulsés. Des bourgs, des villages et des villes ont été détruits, et on a bâti de nouvelles villes, et des grandes routes, etc., une infrastructure pour amener des Israéliens en Cisjordanie.

Tout comme Israël l'avait fait après 1948, en détruisant des villages et des villes palestiniennes, en changeant les noms, et en construisant des villages et des villes pour les Israéliens, on a fait après 1967 la même chose en Cisjordanie.

Pour Israël, cela signifiait que le travail avait été fait. En gros, ils avaient rayé la Palestine de la carte. J'aimerais [vous] montrer cette photo :



(Écran)
25 ans après l'Holocauste, et après 2000 ans d'exil :
la terre d'Israël est donnée au Peuple Juif



C'est la photo de la victoire. Voici tous les généraux, debout après la guerre, jeunes, victorieux, et au centre, c'est     , le président de l'État d'Israël. Israël a un président qui est une sorte de figure symbolique, quelqu'un d'important par la vie qu'il a vécue.

Et vous voyez l'ancienne génération, et la nouvelle génération. Et on fait souvent allusion à cette nouvelle génération de généraux comme étant le plateau d'argent sur lequel la terre d'Israël a été offerte au Peuple Juif. Parce qu'à partir de ce moment-là, la terre d'Israël a été entièrement sous contrôle juif. Pour la première fois en 2000 ans, et seulement 25 ans après l'Holocauste.

Historiquement parlant, d'un point de vue sioniste, c'est incroyable, sans précédent !



(Écran)
La Mission :
1. Rayer la Palestine de la carte.
2. Purification ethnique
&
"désarabiser" le pays.



Mais en réalité, c'est bien ce qu'ils ont fait.

La Palestine a été rayée, complètement, de la carte, et Israël s'étalait sur l'ensemble de la carte.

C'était là l'objectif. C'était là le but du jeu. Rayer la Palestine, se débarrasser des gens, et "désarabiser" le pays.

Il reste encore à "désarabiser" le pays. C'est là que des gens parlent de la possibilité qu'Israël abandonne plus ou moins la Cisjordanie en faveur d'un État palestinien.

Si ce n'était pas aussi triste, ce serait amusant.

Cela révèle un manque total de compréhension de l'objectif du Sionisme et de l'État juif. Et d'un État sioniste.

Car conquérir la terre a été le premier objectif. Puis, se débarrasser des gens et "désarabiser". Et je dis : "désarabiser" un pays...

Ce pays a une Histoire, vieille de 5000 ans, de pouvoir arabe et musulman. Il a été un pays arabe et musulman plus longtemps dans son Histoire que n'importe quoi d'autre.

Donc il faut détruire tout ça : il faut détruire les monuments, il faut changer les noms, il faut réécrire l'Histoire, pour relier une fois de plus le roi David à l'Israël d'aujourd'hui. Et complètement nier le fait qu'il s'agit en fait... d'un pays arabe ! Qui se trouve situé en fait au centre du monde arabe. Et qu'en fait, plus de la moitié de la population est arabe.



(Écran)
Quand Israël a-t-il accepté des pourparlers de paix ?
1973-1974 : dialogue en échange d'une occupation permanente
Israël ne tient pas compte de la volonté palestinienne de réconciliation
& de ses énormes concessions



Une fois retraité de l'armée, mon père a fait quelque chose d'extrêmement étonnant : il a consacré le reste de sa vie à la création d'un État palestinien, à la paix avec les Palestiniens, en Cisjordanie et à Gaza, et il a milité pour l'égalité des droits en faveur des Palestiniens qui étaient citoyens israéliens.

Deux choses qu'il reste à accomplir...

Au milieu des années 70, l'autorité palestinienne, l'OLP, avait commencé à contacter mon père et d'autres gens du même genre, afin de lancer un dialogue. Et c'est alors que l'idée d'une solution comportant deux États a pris corps. Ces gens-là étaient les hauts responsables de Yasser Arafat -- ses conseillers, ses ambassadeurs, etc. --

Dans cette photo mon père est avec le Dr. Issam Sartawi, qui était l'ambassadeur palestinien, l'ambassadeur de l'OLP à Paris, et qui a été tué plus tard, en 1983.

Et ce dialogue s'est poursuivi, entre les représentants officiels de l'OLP et, de l'autre côté, des renégats. C'étaient des gens qui avaient eu de hautes positions d'un type ou d'un autre, et qui étaient des Israéliens sionistes. Le gouvernement israélien a refusé, REFUSÉ, d'y prendre part.

Ce n'est qu'en 1993, qu'en 1993, que le gouvernement israélien a fini par accepter de négocier avec les Palestiniens.

Que s'était-il passé ? Qu'est-ce qui avait changé ?

Eh bien, ce qui avait changé, c'est qu'ils avaient accompli leur mission de rendre irréversible la conquête de la Cisjordanie. Dès 1993, le gouvernement israélien était absolument sûr qu'un État palestinien ne pouvait PAS être établi en Cisjordanie.

Il y avait des colonies, on y investissait des milliards, toute la vallée du Jourdain était colonisées, avec des villages, des kibboutzim, et des choses du même genre ; des grandes villes déjà construites en Cisjordanie, tout Jérusalem était contrôlé par Israël. Il n'existait plus d'endroit où établir un État palestinien, et c'est le moment où Israël a dit : "OK, nous allons commencer les négociations."

Ils ont donc invité Arafat à venir, en lui faisant croire qu'ils avaient réellement l'intention de faire la paix et, en gros, tout en essayant de le forcer à signer un accord qui serait une reddition complète.

Une fois encore, on entend les gens parler de l'idée qu'il pourrait y avoir un gouvernement israélien, qui abandonnerait la Cisjordanie au profit d'un État palestinien. Comme je l'ai dit : si ce n'était pas aussi triste et tragique, ce serait amusant...

Parce que, si nous regardons les 65 ans d'Histoire de l'État d'Israël, il est absolument clair que ceci n'arrivera jamais.

Plus tard, en l'an 2000  -- je suis sûr que vous vous en souvenez -- le président Clinton a invité [Ehoud] Barak et Arafat à Camp David afin, en quelque sorte, de concrétiser un accord de paix. Du moins, c'est ce qu'il a dit.

Ce qu'ils ont tenté de faire, c'est forcer une fois de plus Arafat à se rendre. Ce qu'il refusait.

Ils sont donc sortis de Camp David, et le président Clinton a déclaré : "Arafat a donné un peu, Barak a donné davantage." Autrement dit : c'est la faute d'Arafat.

Et à partir de ce moment-là, et pendant les quatre dernières années de sa vie, il a été diffamé, et finalement Arafat est mort, alors que des chars israéliens encerclaient son bureau assiégé.

Mais le mythe toujours raconté, c'était que les Palestiniens ne veulent pas faire de concessions. Et que c'est ça le problème. Je pense que Midram (?) a aussi fait allusion à ça sur les bandes secrètes qui ont été enregistrées. "Le problème, ce sont les Palestiniens : ils ne veulent tout simplement pas la paix !!!"

Yasser Arafat était prêt à renoncer à presque 80 % de sa patrie, et au droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leur patrie et à recevoir une compensation, tout cela en faveur de la paix !! En revanche, il refusait de descendre en-dessous de 20 %, il refusait d'abandonner la Cisjordanie et Gaza. Cela, il ne pouvait pas le faire.

Eux voulaient qu'il renonce à encore plus.

Ils voulaient qu'il signe un accord de reddition ; et lui refusait.

Ce ne sont pas les Palestiniens qui ne veulent pas faire de concessions. Ce sont les Israéliens qui sont incapables de faire des concessions. Parce que des concessions liées à la terre sont impossible, d'un point de vue sioniste.

Le vrai but du jeu, c'est de prendre la terre et de la faire nôtre.



(Écran)
(Couverture du livre de Miko Peled)



Et c'est exactement le processus qui a eu lieu.

Une fois de plus, comme je l'ai dit, le livre oscille entre l'histoire de ma propre famille et l'Histoire de l'État d'Israël, et comment les deux choses sont liées.

Voici la photo de ma nièce Smadar :



(Écran)
QUI EST RESPONSABLE ?
(Photo d'une jeune fille)
Smadar Elhanan

1983-1997



Le 4 septembre 1997, elle a été tuée.

Deux jeunes Palestiniens se sont fait exploser à Jérusalem. Ils ont sacrifié leur vie, et celles de plusieurs Israéliens, y compris la sienne.

13 ans !

Donc quand une jeune fille de 13 ans, que vous connaissez et aimez, est tuée ainsi, vous ne savez vraiment pas quoi faire. Vous ne savez pas quoi penser, quoi ressentir, vous ne savez pas comment vous allez pouvoir continuer à vivre après ça.

C'était la petite fille d'un général célèbre. C'est donc une grande nouvelle. De plus, c'était aussi la petite-fille de "Monsieur-paix-en-Palestine", et regardez ce qu'ils lui ont fait à lui, et à sa petite-fille !

Mon père n'était déjà plus de ce monde à l'époque.

Donc, ça fait les gros titres. Ensuite, quand je suis arrivé à Jérusalem, chez ma sœur, j'ai vu le journal du matin. En première page, il annonçait déjà "La petite-fille du général Peled tuée par des Palestiniens."

Et l'appartement de ma sœur était rempli de personnes endeuillées, bien sûr, qui étaient venues exprimer leur chagrin, mais aussi de journalistes. Des flux interminables de journalistes.

Quand, après les funérailles, [ma sœur] est sortie saluer tout le monde, elle a dit deux choses qui m'ont mis sur la voie. Et je pense que cela l'a mise sur la voie, ainsi que beaucoup d'entre nous, à nous de réfléchir à cette innommable tragédie.

La première question qu'on lui a posée concernait bien sûr la revanche et les représailles. Et son commentaire a été : "Aucune vraie mère ne souhaiterait que ceci arrive à une autre mère."

"Ne me parlez pas de revanche. La maternité est une force qui unit. Elle transcende la religion, elle transcende toutes les différences qui pourraient exister entre nous." Et si elle est quelque chose avant tout, c'est bien d'être une mère. Elle a trois autres garçons. Des garçons merveilleux.

Et la deuxième chose qu'elle a dite, c'est : "Mon gouvernement est responsable. Mon gouvernement a amené ces deux jeunes à un tel niveau de désespoir qu'ils ont voulu sacrifier leur vie et celle d'autres innocents. Y compris celle d'une jeune fille de 13 ans. L'oppression brutale dans laquelle les Palestiniens doivent vivre à cause de nous, en est la cause. Voilà pourquoi cela arrive. Si vous voulez que cela n'arrive plus, il vous faut lever l'oppression.

Tant qu'on refusera l'espoir aux Palestiniens, qu'on leur refusera la liberté, qu'on leur refusera l'eau, et leurs terres, et leur foyer, cela continuera à se produire.

Je montre du doigt mon propre gouvernement."

De façon intéressante, Bibi Netanyahu, qui est aujourd'hui premier ministre, était aussi premier ministre à l'époque.

C'était aussi autrefois un ami proche de ma sœur, parce qu'ils sont allés à l'école ensemble, à Jérusalem. Mais ça, c'est une autre histoire...

Donc, je suis revenu, [après] les 7 jours de deuil que nous les Juifs respectons. Il m'a fallu revenir. Je vivais déjà en Amérique et je devais retourner le lendemain travailler. Comment le peut-on ?

Mais en quelque sorte, ce qu'avait dit ma sœur m'avais mis sur la voie et j'ai décrété : "OK, il est temps que je fasse quelque chose." Parce qu'elle a commencé à s'exprimer très ouvertement, et son mari Ronnie (?) aussi, comme certains d'entre vous le savent : il est venu ici. Sur la nécessité de se réconcilier, et sur celle d'accorder aux Palestiniens leurs droits et leurs libertés.

J'ai eu la chance à San Diego de rencontrer un groupe de gens : un groupe de dialogue Juifs-Palestiniens. il m'a fallu un certain temps pour les trouver, et un certain temps pour comprendre ce que j'allais faire.

Ce qui était intéressant -- j'avais 39 ans -- j'étais ici, aux États-Unis, et c'était la toute première fois que je rencontrais des Palestiniens. J'ai grandi à Jérusalem. Je suis né et j'ai grandi à Jérusalem ! C'est une ville mixte. La première fois que j'ai côtoyé un Palestinien dans une situation normale, en tant que totalement égaux, ce fut ici, aux États-Unis. Parce que même si Jérusalem est considérée comme unie, il y a ségrégation totale.

Donc un garçon israélien ne rencontre pas des Palestiniens. Vous pouvez les voir faire paysager un terrain ou faire la vaisselle. Puis j'ai commencé à entendre toutes les histoires que je n'avais jamais entendues auparavant. C'était un groupe de dialogue : il ne s'agissait pas d'accuser ou de débattre. Chacun raconte son histoire. Je suis assis avec des Palestiniens et ils me parlent d'exil forcé, de massacres, de toutes ces choses que nous ne commettons pas.

Nous, les Israéliens, nous ne commettons pas ces choses-là. Nous avons de la moralité, notre armée a de la moralité, nous faisons des erreurs, nous ne sommes pas parfaits, mais en général, nous ne faisons pas ces choses-là.

J'ai eu la chance d'être avec un groupe de gens, surtout des Palestiniens, qui m'ont aidé dans cette transformation. C'est comme apprendre des choses sur soi, c'est comme se faire arracher une dent -- des dents -- sans anesthésie. C'est extrêmement douloureux d'apprendre que tout ce que vous savez est faux.

Et avec mes antécédents, l'histoire de ma famille, c'était très douloureux.

Mais ils ont été très gentils et très généreux, dans la manière dont ils m'ont amené à franchir ça.

Et je suis à jamais reconnaissant à cette communauté palestinienne à San Diego de m'avoir accompagné. Il m'a fallu plusieurs années. J'en parle comme si c'était facile, mais c'est difficile, et ça m'a pris très longtemps.

Puis j'ai commencé à agir. J'ai commencé à rendre visite à des communautés palestiniennes en Israël même, et je me rendais en Cisjordanie, et j'ai commencé à en apprendre plus sur le problème.

Et quand je me rendais en Cisjordanie, je voyais ça :



(Écran)
(Photo d'un panneau écrit en hébreu, en blanc sur fond rouge)



Si vous êtes allé à Calandia, ou à n'importe lequel des principaux checkpoints, vous voyez les panneaux. Ils sont à peu près de la taille d'un de ces murs. C'est un panneau énorme. Comme vous voyez, c'est écrit en lettres blanches sur fond rouge, ce qui signifie habituellement "Danger !" Et, bien sûr, c'est en hébreu. Et ce que dit le panneau, c'est que cette route mène à la zone A, qui est sous contrôle palestinien. L'entrée en zone A est interdite aux Israéliens. Vous risquez votre vie, et c'est un délit grave. Et si vous remarquez, il y a deux points d'exclamation !

Si vous n'êtes pas encore effrayé, les deux points d'exclamation y parviendront sans doute.

J'ai également remarqué, qu'à moins de pouvoir lire l'hébreu, c'est sans intérêt. Ce n'est vrai que si pouvez lire l'hébreu.

Bon, si vous voyez un panneau de ce genre, et que vous avez un minimum de bon sens, vous faites demi-tour et vous rentrez chez vous. Qui a du bon sens, voit un panneau "Danger !", "Zone de tir", et y pénètre ?

Ma chance, c'est que je n'ai pas de bon sens, et que j'ai beaucoup d'amis qui sont comme moi, et que nous y sommes tous entrés. Et j'ai franchi ce checkpoint, je franchis ce panneau chaque fois que je rends visite à mes amis de l'autre côté du mur.

Ce qui est intéressant, c'est que je vois toujours la même chose : depuis la toute première fois jusqu'à aujourd'hui -- ça fait plusieurs années -- Chaque fois que je passe ce mur, chaque fois que je passe ce panneau, je vois EXACTEMENT la même chose : je vois des embouteillages, je vois des enfants qui vont à l'école -- ce qui est probablement ce qu'on voit le plus dans les zones palestiniennes, des enfants qui vont à l'école ou en reviennent -- je vois des gens qui vont travailler, je vois des magasins...

Je n'ai toujours pas vu les Palestiniens qui veulent me tuer ! Je n'ai toujours pas vu les Palestiniens, prêts avec leurs mitraillettes, leurs chars, leurs F16, à me bombarder, parce que je suis un Israélien ! Je n'ai toujours pas vu ça !

Et je sais que beaucoup d'autres Israéliens qui font ça, ne l'ont pas vu non plus !

Avec le temps, j'ai commencé à comprendre que ce panneau n'a rien à voir avec la sécurité. Que le mur n'a rien à voir avec la sécurité. Que les impressionnantes forces armées israéliennes le long de la route n'ont rien à voir avec la sécurité.

L'effet de terreur et le harcèlement que les Palestiniens israéliens subissent quand ils vont à l'aéroport de Tel Aviv, le processus d'humiliation qu'ils doivent supporter, qu'ils doivent subir chaque fois qu'ils décident de partir pour l'outre-mer, n'a RIEN À VOIR avec la sécurité !

Cela a tout à voir avec le racisme, avec la haine, et avec le profond désir de nous maintenir séparés. De conserver mes privilèges, et de laisser les autres sans aucun droit.

Voilà le but du jeu. Voilà la raison de tout ça.

Et voilà la finalité du panneau.



(Écran)
La résolution des Nations Unies N° 3013, de 1973, déclare :
"Les luttes des peuples sous domination coloniale ou étrangère, ou sous des régimes racistes, visant à faire appliquer leur droit à l'autodétermination et à l'indépendance, sont légitimes et en totale harmonie avec les principes du droit international."
(Photo de Djamal et de Miko Peled)



Pouvez-vous lire ça ? Quelqu'un peut-il me lire ça ?

(Quelqu'un lit à voix haute)

Miko Pelel : "...légitimes et en totale harmonie avec les principes du droit international." Ceci décrit la lutte des Palestiniens.

Parce que ça, c'est exactement ce qu'est Israël !

Dans cette photo, je me trouve près de mon ami Djamal, qui a été incarcéré pendant des années et des années dans une prison israélienne, en fait il avait été condamné à perpétuité, mais il a bénéficié d'un échange de prisonniers entre Israël et l'OLP.

Il a été condamné à perpétuité parce qu'il a tué un soldat. Lui et trois autres... ont vu deux jeunes soldats israéliens qui gardaient une banque à Ramallah -- qui plus est -- et les soldats sont en général bien sûr armés jusqu'aux dents.
Ils se sont approchés d'eux et les ont poignardés à mort avec un couteau.

Et pour ça, ils ont été plus tard battus, torturés, arrêtés et condamnés à perpétuité.

Mais quand je nous vois dans cette photo, debout côte à côte, il me faut me demander : "Lequel des deux est vraiment le terroriste ?"

Parce que selon ceci (montrant la résolution de l'ONU), ce n'est sûrement pas lui !

Par ailleurs, moi, j'ai servi dans l'armée israélienne, une armée d'occupation, une armée d'oppression, une armée dont le seul but est que lui (montrant Djamal) n'ait pas de pays, que lui n'ait pas de droits, et qu'il n'ose pas résister.

Donc oui, mon armée a des uniformes, des commandants, des généraux. Mais lequel de nous deux est vraiment le terroriste ?


(Écran)
Comment deux peuples cohabitent-ils dans le même pays ?



Et finalement, et c'est là où se termine le livre. Que faisons-nous ? Comment deux peuples cohabitent-ils dans le même État ? Comment cohabitent-ils dans le même pays ?
 
Eh bien, il existe tout un tas d'exemples. Regardez la Suisse. Regardez la Belgique. Ce sont là des États multinationaux. Les Suisses sont suisses, les Belges belges. Indépendamment de la nationalité réelle derrière ça.

Il existe donc plein d'exemples d'États composés de multiples peuples.

Une fois de plus, si nous revenons à cette question : Est-ce qu'un seul État est la bonne solution ? Ou bien deux États ? Ou bien trois États ? Quelqu'un m'a parlé de confédération.

La réalité, c'est qu'Israël a créé un État unique !

Ses frontières, du point de vue israélien, sont claires : les frontières de l'État d'Israël sont le Jourdain à l'est, et la Méditerranée à l'ouest. Point barre !

Si vous regardez les manuels scolaires israéliens, si vous regardez une carte météo, si vous regardez n'importe quelle carte officielle de l'État d'Israël, c'est absolument évident : sans se poser la moindre question, les gens savent où sont situées les frontières de l'État d'Israël. (Montrant la carte) Elles sont là !

Donc, l'idée qu'un quelconque gouvernement israélien puisse en céder une partie est complètement absurde.

Et Israël gouverne astucieusement cet État unique en utilisant trois types de droit différents.

Il y a le droit qui régit les gens comme moi, les Juifs israéliens, qui peuvent aller, venir, et dire ce qu'ils veulent. Un État pratiquement démocratique, dans tous les domaines.

Vous avez le droit qui régit les Palestiniens qui sont citoyens d'Israël, et il existe 30 lois dans les livres de droit, qui établissent une discrimination contre eux, de façon précise. Et vous avez toute une culture de discrimination, contre eux.

Qui est profondément établie, et profondément enracinée dans la société israélienne.

Et vous avez le droit qui régit les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, et là c'est vraiment au bon plaisir de l'armée israélienne. S'ils veulent détruire, ils détruisent, s'ils veulent arrêter et rosser, ils arrêtent et rossent, s'ils veulent torturer, ils torturent, s'ils veulent tuer, ils tuent. Et les Palestiniens n'ont aucun recours.

Voilà la réalité.

Il existe un système éducatif, un système éducatif sioniste, comme vient d'y faire allusion ma sœur dans un livre là-dessus -- elle est enseignante -- qui enseigne le racisme, de manière très subtile. 

Il existe une bureaucratie, toute une bureaucratie, consacrée à rendre la vie impossible aux Palestiniens par le biais de toutes sortes de restrictions, de permis, d'obligations, absolument superflues et inutiles, mais qui sont toutes données et fournies sous prétexte de sécurité...

Et vous avez l'armée israélienne, dont j'aime dire qu'elle est une des mieux entraînées, une des mieux équipées, une des mieux nourries, parmi les organisations terroristes du monde.

Oui, c'est vrai, ils ont des généraux, de beaux uniformes, mais leur objectif premier, c'est le terrorisme.

Et comme simple exemple -- je vais vous donner un unique exemple : il y a presque 4 ans exactement, lorsqu'Israël a lancé son attaque sur Gaza, le 27 septembre 2008, à 11 h 25 du matin. Ce à quoi je fais allusion comme le jour le plus honteux de toute l'Histoire juive ! Le jour le plus honteux de l'Histoire du Peuple Juif !

Israël a commencé -- le premier jour de ce qui allait être une attaque de 21 jours -- le bombardement intensif et incendiaire de Gaza. Et en ce premier jour, ils ont largué 120 tonnes de bombes.

OK. Une tonne de bombes décime tout un pâté d'immeubles. Gaza est l'un des endroits les plus fortement peuplés du monde. 800.000 enfants vivent à Gaza.

11 h 25 est exactement l'heure à laquelle l'école du matin et l'école de l'après-midi se relayent. Donc, tous les enfants sont dans la rue. Tous les enfants sont dans la rue.

Cela a été le moment choisi par les décisionnaires israéliens pour lancer l'attaque.

C'est là le premier jour d'un massacre de 21 jours, sans absolument aucune justification.

Si ça, ce n'est pas du terrorisme, je ne sais pas ce qui en est.

Et voilà comment l'État d'Israël parvient à contrôler les différentes populations. Et en quelque sorte, tout en parvenant à afficher ce doux visage libéral face à tout.

Mais il nous reste à trouver ce qu'on fait à partir de là.

Eh bien, regardons ce qui s'est passé en Afrique du Sud. Ils se sont débarrassés de l'apartheid. Voilà l'exemple à suivre.

Qu'ont-ils fait en Amérique ? Il leur fallait se débarrasser des lois racistes qui existaient dans le Sud.

Est-ce que les Blancs d'Afrique du Sud voulaient ça, de cette manière-là ? Absolument pas !

Est-ce que les Blancs des États du Sud, ici aux États-Unis, voulaient ça, de cette manière-là ? Absolument pas !

Non, ça ne s'est pas fait par consensus.

Mais le Sionisme, tout comme le racisme, doit disparaître !

(Applaudissements de l'auditoire)

L'État sioniste doit être remplacé par une démocratie. Égalité des droits. Nous sommes environ 5,5 millions de Palestiniens, environ 6,5 millions d'Israéliens : il n'existe aucune raison au monde pour qu'ils ne puissent pas vivre en égaux. 

Bon, souvent, quand des Juifs entendent ça, particulièrement s'ils soutiennent le Sionisme, s'ils soutiennent l'État d'Israël, ils disent : "Vous voyez, vous parlez de génocide. Vous parlez d'un nouvel Holocauste."

Ce n'est là qu'une excuse. Il n'y a aucune raison de croire que cela va être violent. il n'y a aucune raison de croire que le transfert de pouvoir puisse être violent.

Des dictatures malfaisantes, un régime malfaisant, peut être remplacé par une démocratie, sans violence.

Cela s'est déjà produit, il n'existe aucune raison que cela ne se reproduise pas.

Je viens d'entendre parler aujourd'hui de l'énorme différence existant entre les Israéliens et les Palestiniens : des différences culturelles. La supériorité culturelle des Israéliens.

Je n'ai jamais entendu de ma vie une telle stupidité.

Les deux sociétés ne pourraient pas être plus similaires : leurs langues sont proches, leurs religions sont similaires.
Plus de la moitié des Israéliens sont les descendants de gens venus du Moyen-Orient, les descendants de Juifs arabes, venus d'Irak, venus d'Afrique du Nord, venus du Yémen.

La culture arabe fait partie de leur identité. Quand on bombardait Bagdad, les vieux Juifs arabes de Bagdad habitant Israël pleuraient, car on bombardait leur ville.

Là, il n'y a pas de différences.

Et la probabilité que ces deux populations, voyant que leur cause commune, voyant que leurs buts communs dépassent toutes les différences qui peuvent exister entre elles, est beaucoup plus grande que quoi que ce soit d'autre.

Et alors, les jeunes Palestiniens et les jeunes Israéliens pourront grandir et avoir un avenir, en vivant dans leur propre démocratie, et faire de grandes choses, parce que ce pays est magnifique. Et il offre beaucoup des possibilités.

Donc, il faut que le but du jeu soit la démocratie et l'égalité des droits.
Rien d'autre.

Merci beaucoup.

(Applaudissement)

Questions :


Laleh
(?) : La première [question] était : "La vente et l'achat de terrains sont-ils une fonction viable, et sont-ils conformes à la loi ?" Je suppose que cela signifie : "pour les Palestiniens."

Et puis : "Est-ce qu'Israël utilise le droit d'expropriation, ou bien les terres sont-elles saisies sans processus légal ?"

"Quelle est la force, en Israël, de l'opposition à ce qui apparaît comme une attaque imminente de l'Iran par Israël ?"

Cela fait trois questions, d'accord ?

MP : Une de plus, s'il vous plaît.

L : Une de plus, OK.

"Bibi est-il vraiment sérieux quand il parle d'attaquer l'Iran, ou bien s'agit-il d'une diversion pour éviter de s'occuper des Palestiniens ?"

MP : Bon, je dis déjà que je ne suis pas expert légiste. Je ne suis pas vraiment au courant de ce qui concerne l'expropriation, la vente de terres, etc.

Je ne suis pas sûr, mais je vais dire ceci. Je ne sais pas si ça répond à la question ou non, mais en Israël la terre est entièrement possédée par l'État. Donc, par essence, il n'y pas de propriété privée. Quand vous achetez de la terre, vous signez en réalité un bail avec l'État. Et tous les 49 ans, vous devez renouveler le bail, pour 49 ans, ou pour 99 ans. 

Voilà en gros comment ça fonctionne. Donc, ce qu'ils ont essayé de faire après 1948... ils ont passé une loi selon laquelle toutes les propriétés des absents, c'est-à-dire des gens qui ont été expulsés, et sont partis, donc "absents" d'une certaine manière, et la loi a donné la permission à l'État de saisir la terre. Puis ils ont passé une autre loi, qui rendait illégal pour les réfugiés palestiniens de revenir, et de récupérer leur terre.

Voilà comment ça fonctionne. Je ne sais pas si ça répond à la question, mais comme je l'ai dit, je ne suis pas un spécialiste du droit. 

"Y a-t-il en Israël une opposition à une attaque..." Vous savez... "...et Bibi est-il sérieux en ce qui concerne  une attaque ?"

Euh... Tout le problème de l'Iran, à mon avis du moins, c'est qu'il s'agit d'un écran de fumée. Cela a été très intelligemment conçu, et très intelligemment utilisé par Netanyahu et son gouvernement pour faire dévier l'attention de tout le monde de la Palestine, vers une autre menace fictive.

Ça s'est révélé un grand succès. A l'assemblée générale des Nations Unies, personne n'a parlé de la Palestine. Tout concerne l'Iran : "la menace de l'Iran", "l'attaque de l'Iran", "bombarder l'Iran", "ne bombardez pas l'Iran". Des milliers de prisonniers politiques, en violation des lois internationales, sont incarcérés dans les prisons israéliennes.

Les enfants palestiniens reçoivent moins d'eau que les enfants israéliens. On expulse les Palestiniens de leurs foyers, et on prend leurs terres, et on détruit leurs villages, et ça, CHAQUE JOUR.

Des gens se font tirer dessus et tuer en Cisjordanie dans des manifestations non-violentes, et ça, CHAQUE SEMAINE.

"Comment pouvez-vous parler de ce non-sens, alors qu'il existe une menace nucléaire de la part de l'Iran ?" Et ils réussissent à manipuler ça. Donc, je ne pense pas qu'il soit sérieux. Il serait politiquement idiot de se défausser de cette merveilleuse carte.

Tant qu'il peut continuer à parler d'une menace iranienne, les gens ne vont pas parler de la Palestine.

Quel serait l'intérêt d'attaquer l'Iran : ça leur rapporterait quoi ?

Politiquement, cela ne leur apporte rien, militairement, cela ne leur apporte rien --parce qu'il n'y a pas de menace --, et il va avoir un problème...

De cette façon, il a ce problème. Il l'a depuis des années, et je ne pense pas qu'il va l'abandonner. Donc je ne pense pas qu'il soit sérieux à ce sujet. Ce qui ne veut pas dire que rien ne peut arriver, mais je ne peux pas imaginer qu'il ferait ça.

Et, vous savez, les gens en Israël ont surtout vraiment peur. Que savent les gens ? Ils savent ce qu'ils lisent, ce qu'ils lisent dans les journaux. Chaque jour dans les titres, on parle de l'Iran. Le ministre de la Défense a décidé de dire, il y a juste quelques semaines, et le ministre de la Défense est en faveur un jour, et contre le lendemain, en faveur un jour, et contre le lendemain. Si bien qu'il y a quelques semaines, un gros titre disait, en le citant : "La lame qui repose sur notre cou, en ce moment, est encore plus tranchante et pus dangereuse que la menace de 1967."

Ma première réaction a donc été -- vous devriez lire mon livre -- mais tous ceux qui sont au courant savent qu'il n'y avait pas de menace en 1967, mais ils veulent recréer cette tension de 1967. Les gens ont réellement peur.

Israël, en 1967, était terrifié. Les généraux n'ont pas laissé filtrer qu'il s'agirait d'une guerre facile. Les gens avaient en fait peur d'un nouvel Holocauste.

Et ils recréent cette peur, afin de pouvoir continuer à en parler. Donc, je ne pense pas qu'il s'agit d'une menace réelle, ni que Bibi attaquerait, parce que la carte politique est trop belle pour être abandonnée. 

L : OK. "Pensez-vous que la solution de l'État unique fonctionnerait, sachant que 60 à 70 % des Juifs israéliens, des Arabes israéliens, et des Palestiniens ne sont pas en faveur d'une solution impliquant un État unique. Comment voyez-vous ceci se produire ?"

Voilà une question... OK ?

MP : OK...

L : La deuxième est similaire, donc je ne la lirai pas. Oh, waouh... "D'où vient cette philosophie sioniste, raciste, où on s'accapare les terres, et d'où vient le phénomène des terroristes kamikazes ?" Et...

MP : Oh, laissez-moi écrire ça !

L : (Rire) "Et comment avez-vous pu vivre toute votre vie en Israël, servir dans l'armée, et ne pas voir ce que vous voyez maintenant ?"

MP : Oh, facile ! ... OK !

L : Ces trois-là sont-elles bonnes ?

MP : Oui, oui.

(Rires)

MP : J'ignore si un grand nombre de Palestiniens ne disent pas oui à cette solution. J'ai parlé à de nombreux Palestiniens, mais je n'ai pas fait de statistiques, mais de nombreux Palestiniens parmi ceux auxquels j'ai parlé comprennent et n'y voient pas de problème.

Donc je ne pense pas qu'il y aura du tout une opposition aussi forte que ça du côté palestinien. Il y aura bien sûr de l'opposition du côté israélien, parce que lorsqu'on est privilégié, on ne veut pas perdre ses privilèges.

Nous, les Juifs israéliens, sommes privilégiés dans cette société. Et les privilèges qui nous sont donnés par l'État font partie de la volonté de nous séparer des Palestiniens.

Donc, si je fais quelque chose d'illégal à Hébron, et qu'un Palestinien fait exactement la même chose exactement au même endroit, les lois qui gouvernent l'État d'Israël, qui sont des lois classiques et conventionnelles, s'appliquent à moi. La loi militaire israélienne s'applique au Palestinien.

Si je participe, quand je participe à une manifestation en Cisjordanie et que je me fais arrêter, tout le monde sait comment ça va se terminer : je rentre chez moi à la fin de la journée. On me brutalisera peut-être un peu, mais à la fin de la journée, tout le monde le sait, je rentre chez moi.

Parce que je suis un Juif israélien. Le Palestinien qui se fait arrêter sera battu, il sera torturé, et restera en prison aussi longtemps que le commandant local voudra le voir en prison. Cela peut durer un jour, une semaine, un mois, un an, sans chefs d'accusation, et sans procès.

Puis, six mois plus tard, je reçois une lettre de la police me disant que le dossier est clos, pour une raison quelconque, une quelconque raison technique.

Donc, les Israéliens ne veulent pas abandonner ce privilège, mais je pense que les Blancs en Afrique du Sud ne le voulaient pas non plus, pas plus que les Blancs d'Amérique ! Mais ils n'auront pas le choix.

Des choses comme ça ne font pas à la suite d'un consensus. Voilà pourquoi il y a des pressions, voilà pourquoi il y a du BDS (du boycott, du désinvestissement et des sanctions), voilà pourquoi il y a de la résistance non-violente. Voilà pourquoi nous avons des événements comme celui-ci.

Voilà pourquoi de plus en plus de Juifs américains se détachent du Sionisme et viennent organiser des événements comme celui-ci.

Et qu'ils le veuillent ou non, c'est la transformation qui va se produire.

Les gens me demandent... Je vais vous raconter une petite histoire. J'ai parlé devant une classe de 8ème grade (correspondant en France à la Quatrième - NdT) Un de mes amis est enseignant. Une école bien, d'un type très spécial : les gamins y apprennent vraiment des choses. Donc, c'est une classe de 8ème grade, et ils se documentent sur cette question. Ils apprennent ça depuis quelques semaines et ils veulent que je leur parle. Ils ont fait un sondage entre eux sur combien d'entre eux pensent qu'ils verront une solution à ça au cours de leur vie.

Une solution pacifique au cours de leur vie. Ce sont des 8èmes, ils ont 13 ans.

80 % ont répondu Non.

Je suis donc venu parler et je leur ai dit : "Bon, voyons si je peux changer vous faire changer d'avis, parce que tout dépend de ce que vous savez."

Et je leur ai expliqué les similarités qui existaient entre les sociétés, et toutes les possibilités qui existeraient une fois l'État d'Israël transformé en démocratie. Si je ne pensais pas que c'était possible au cours de ma vie, je ne le ferais pas. Si je n'avais pas totalement confiance que c'est ce qui va réellement se passer, je ne le ferais pas.

Donc, Israël ne va pas aimer ça, mais il n'a pas besoin de l'aimer. Ces choses-là sont comme ça. Mais je pense que les Palestiniens -- l'impression que j'en ai -- et je les connais bien, que de nombreux Palestiniens sont en fait en faveur de ça.

OK. Il y a ici deux questions. D'où vient la philosophie sioniste ? Eh bien, à la fin du XIXème siècle, le nationalisme s'est développé, et tous ces petits groupes isolés ont décidé de devenir des nations.

Et mes grands-parents ont été impliqués là-dedans. C'étaient des Juifs, ils vivaient en Europe de l'Est et ils ont souffert de pogroms, ils ont souffert de toutes sortes de discriminations et de racisme envers les Juifs, de l'antisémitisme, et ils ont pensé que c'était peut-être là une bonne idée.

Au début du Sionisme, il y avait tout une gamme de Sionismes.

Il y avait des Sionistes qui croyaient en la démocratie, que les Juifs et les Arabes pouvaient vivre ensemble. Dans leurs rêves les plus fous, ils n'imaginaient pas qu'ils allaient expulser les gens de chez eux.



(Écran)
Le militant israélien pour la paix
Miko Peled
parlera de son nouveau livre
"The General's Son
Journey of an Israeli in Palestine"
(Le fils du général
Itinéraire d'un Israélien en Palestine)



Et puis il y avait d'autres Sionistes, qui, plus tard sont devenus les Sionistes du courant dominant, menés par des gens comme Ben Gourion, qui a été le premier ministre israélien, qui étaient radicaux, racistes et violents. Et ce sont eux qui ont gagné.

Et ils ont donné le ton. Et c'est pourquoi le Sionisme est ce qu'il est maintenant : raciste, violent, militant, sans compromis. Ce ton a été donné par Ben Gourion et les gens qui l'entouraient.

Voilà d'où c'est venu.

Et d'où sont venus les terroristes kamikazes ?

Je ne sais pas si être kamikaze, c'est une philosophie. Il y a 5,5 millions de Palestiniens à l'intérieur de la Palestine. Et probablement 5 millions ou à peu près qui habitent à l'extérieur de la Palestine. Ça fait 10 millions de gens. Il y a moins de 200 kamikazes. Ce n'est pas comme s'il existait une furie de terroristes kamikazes parmi les Palestiniens.

Remettons les choses à leur place.



(Écran)
De 1947 à aujourd'hui
campagne systématique de purification ethnique en cours



Et j'ignore s'il y a une philosophie liée à ça. Je pense que lorsque les gens ont atteint un certain degré de désespérance ou de désespoir, qu'ils voient leur père rossé et torturé, qu'ils voient leurs sœurs blessées par balles et arrêtées, qu'ils voient leur maison se faire détruire, qu'ils n'ont aucune possibilité d'aller où que ce soit, d'acheter de la nourriture ni de fournir de l'eau à leur famille, ou aux autres frères et sœurs, et qu'ils voient cette armée impressionnante qui, sans relâche, les oppresse et les rosse...

Quand il n'y a pas d'espoir, il n'y a pas d'espoir ! Donc, on fait ce qu'on peut !

Mais si considérons combien de gens ont réellement fait ça, et je ne connais pas un seul Palestinien -- et j'en connais beaucoup ! -- qui pense que c'est une bonne chose, ou qui soutienne ça.

Je pense donc qu'il est important de ramener la question des kamikazes à sa juste proportion...

Oui ?

L : OK. J'ai 4 fiches ici qui traitent toutes de quelque chose... C'est en fait trois questions sur toute une série de sujets...

"Affirmez-vous que rien ne changera à moins qu'il y ait des changements dans les politiques et l'opinion publique américaines ?"

"Que pouvons-nous faire, dans nos communautés US, pour soutenir un État démocratique unique en Israël ?"

MP : Eh, pas si vite, pas si vite... pas si vite... (Rire)

L : "Pouvons-nous compter..."

MP : Attendez, attendez !

L : (...) Oh, vous ne les avez pas encore prises... OK...

MP : "...donc rien ne changera tant que quelque chose ne changera pas aux États-Unis. Que pouvons-nous faire..."

L : "Que pouvons-nous faire, dans nos communautés US, pour soutenir un État démocratique unique en Israël ?" ...  (Bruits dans l'auditoire) Vous voulez que je lise : j'ai essayé ! (Rires)

"Comment pouvons-nous contrer l'influence de l'AIPAC et autres organisations juives sur les politiques US..."

MP : OK...



(Écran)
une histoire personnelle qui contredit la version officielle nationale



L : "...et comment convaincre les Américains -- je suppose -- qui parlent contre les politiques israéliennes, afin de combattre les fausses accusations d'antisémitisme, et que voyez-vous comme collusion US avec les projets sionistes en cours, et qui décide en fait d'un point de vue historique : le mouvement sioniste, ou bien le gouvernement US et les grandes entreprises ?"

Elles sont toutes reliées.

MP : OK. Ouah ! Ça fait beaucoup de questions ! OK...

Eh bien, rien ne va changer tant que beaucoup de choses ne changeront pas ! Je pense que... Plus près [du micro] ? OK.  Donc, rien ne va changer tant que beaucoup de choses ne changeront pas ! Il faut que les choses changent dans ce pays, assurément. Et elles changent dans ce pays (=aux États-Unis).

Comme je l'ai dit, Je vais parler ces temps-ci : on m'a réservé pour la période du Thanksgiving, pratiquement pendant toute la période. Plus de la moitié des manifestations auxquelles on m'a invité à parler sont organisées par des Juifs américains.



(Écran)
Le général : Matti Peled. L'histoire unique d'un général israélien
devenu le champion des droits palestiniens.



J'y vois donc un grand changement dans ce qu'on pense être la communauté juive américaine. Il n'y a plus cette admiration aveugle pour l'AIPAC, pour Israël, ni pour tout ce qui est sioniste.

Les Juifs regardent l'État d'Israël, et ils disent : "Ceci ne nous représente pas, ce n'est pas ce que nous défendons." Des milliers de prisonniers politiques, de la torture, de la discrimination, ce n'est pas là ce que les Juifs américains défendent.

Donc de plus en plus de Juifs américains s'éloignent du Sionisme, et ça, c'est une très bonne chose. Cela change déjà.

Je pense aussi que certaines églises Méthodistes et Presbytériennes Unies travaillent énormément sur cette question, et elles avancent à grand pas, et elles apportent de grands changements. Je pense que plus... plus les Américains verront les Juifs critiquer Israël, plus les non-Juifs se sentiront à l'aise.

[Quant au] côté antisémite -- et les gens m'en parlent tout le temps -- ils me disent : "Vous, vous pouvez le dire, parce que vous êtes vous, mais si nous, nous le faisons, ils nous traitent d'antisémites."

Ma réponse à ça, c'est : "Très bien." Et s'ils m'appellent un Juif honteux, j'en discute : je préfère être un Juif honteux plutôt qu'un Juif haineux, ou autre.

"Très bien, j'assume. Maintenant parlons d'autre chose : pouvez-vous m'expliquer pourquoi les enfants palestiniens sont privés d'eau, pouvez-vous m'expliquer comment vous justifiez le largage de centaines de tonnes de bombes sur des enfants ? Pouvez-vous m'expliquer pourquoi on expulse des gens de chez eux, pourquoi on en fait des sans-logis ?

Pouvez-vous m'expliquer pourquoi on arrache des enfants de leur lit à 2 heures du matin, on les jette en prison et on les torture ? Pouvez-vous m'expliquer tout ça ?

Peut-être que je suis antisémite. Maintenant, vous m'expliquez tout ça. Et ça, ça fait quoi de vous ?"

(Voix d'approbation dans l'auditoire)

Voilà le genre de conversation qu'il faut avoir. Traiter les gens d'antisémites, c'est une arme très inefficace, c'est un outil très inefficace. C'est tout ce qu'ils ont. Mais si vous regardez bien, ça n'a absolument aucun sens.

Parce qu'ils ne peuvent donner de réponse à aucune de toutes ces questions.

Parce qu'il faut que le problème soit là. Ce sont eux qui doivent fournir les explications. Personne d'autre. Pas vous, pas nous.

Vous n'avez rien à expliquer : ce sont là des questions légitimes.

"Vous avez soutenu, vous avez dansé, vous avez fêté ça, lorsque Israël larguait des centaines de tonnes de bombes sur 800.000 enfants enfermés à Gaza, et qui ne pouvaient aller nulle part. Vous avez soutenu ça !

Bon, je suis antisémite : et ça, ça fait quoi de vous ?"



(Écran)
La Mission :
1. Rayer la Palestine de la carte.
2. Purification ethnique
&
"désarabiser" le pays.



Vous soutenez un pays qui, délibérément, empêche des enfants d'avoir accès à l'eau, sans même parler de la nourriture, des médicaments ou de l'éducation. [Qui empêche des enfants] d'avoir un foyer, et la liberté.

Vous soutenez ça ! Ça fait quoi de vous ?

Comment pouvez-vous soutenir ça !"



(Écran)
Quand Israël a-t-il accepté des pourparlers de paix ?
1973-1974 : dialogue en échange d'une occupation permanente
Israël ne tient pas compte de  la volonté palestinienne de réconciliation
& de ses énormes concessions



C'est comme ça qu'il faut leur parler !

Je ne dis pas que c'est facile à faire, mais je suggère que c'est le moyen de contrer l'AIPAC, et c'est ce que vous faites ici aux États-Unis.

Parce que c'est la meilleure conversation, c'est la meilleure excuse, parce que c'est ce à quoi l'AIPAC en est arrivé : parler de transformer Israël, c'est de l'antisémitisme, et c'est appeler au génocide !

Qui parle de génocide ? Je n'ai jamais entendu personne suggérer un génocide !

Parmi tous les gens que j'ai entendus, beaucoup parlent de cette transition, faire passer Israël d'un État sioniste à la démocratie.

Beaucoup de gens en parlent. Ilan Pappé en parle. Beaucoup de gens en parlent. Aucun d'entre eux, pas un seul d'entre eux, ne soutiendrait une transformation, d'une transition, violente. Pas un seul ne soutiendrait la violence.

Et la violence n'est pas nécessaire.

Voilà donc comment on combat l'AIPAC, comment on contre l'AIPAC, et comment on convainc les Américains de ne pas avoir peur.



(Écran)
(Cartes du Moyen-Orient et d'Israël)



Je ne dis pas que c'est facile. Quand quelqu'un revient avec son antisémitisme, les gens reculent et ont peur. Et je comprends bien que ça fait très mal.

Mais en même temps, il y a ici un problème plus grave. Cela peut nous vexer 5 secondes, mais, bon, poursuivons la conversation. Et c'est ce qui doit se passer, et c'est le moyen d'aller au-delà de ces absurdités de l'AIPAC.

Euh... La collusion avec le Sionisme est inévitable.

J'ai dit collision ou collusion ?  (Rires dans l'auditoire)

Hein ? Ah, collusion... Je suis désolé !

Bon, je pense que c'est temporaire ! (Rires)

C'est provisoire. Je veux dire : L'Amérique... les hommes politiques américains font ce qu'il faut pour se faire élire.

Être pro-sioniste fait partie de ce qu'on doit faire en Amérique quand on veut faire une carrière politique. Que vous soyez président ou membre du conseil municipal de ma ville, Coronado... Ils ne sont même pas..., c'est une sorte d'emploi à temps partiel !

C'est là le but du jeu.



(Écran)
QUI EST RESPONSABLE ?
(Photo d'une jeune fille)
Smadar Elhanan
1983-1997



C'est le prix à payer quand on est dans les affaires. Donc je pense que le Président s'intéresse plus aux soins de santé qu'à Israël. Il va donc donner de l'argent à Israël pour qu'il la ferme, et que lui puisse faire passer sa réforme de santé.

C'est comme ça ! C'est la politique en Amérique ! Voilà pourquoi un deuxième mandat d'Obama ne va pas changer quoi que ce soit. Cela ne changera rien à ce problème. Parce que ça ne l'intéresse pas suffisamment, et pourquoi se tracasser ? Il n'a rien à y gagner.

Mais les choses vont commencer depuis la base. Et une fois qu'il se passera beaucoup de choses... et comme je l'ai dit à quelqu'un plus tôt : c'est comme le Vietnam. Quand les Américains ont décidé que ça suffisait, le Congrès a dit que ça suffisait, et le président a dit que ça suffisait. La cause était entendue. Et les Américains ont quitté le Vietnam.

Mais il faut ce genre de mouvement.



(Écran)
La résolution des Nations Unies N° 3013, de 1973, déclare :
"Les luttes des peuples sous domination coloniale ou étrangère, ou sous des régimes racistes, visant à faire appliquer leur droit à l'autodétermination et à l'indépendance, est légitime et en totale harmonie avec les principes du droit international."



En ce moment, ce qui est vrai, c'est que dans ce problème, c'est Israël qui mène la danse. En ce moment, les Israéliens disent : "Sautez !" et les politiques américains disent : "A quelle hauteur ?" Puis ils passent à autre chose.

Mais c'est le prix à payer pour être aux affaires en Amérique, si on veut être un homme politique.

Laleh ?


(Écran)
Comment deux peuples cohabitent-ils dans le même pays ?



L : Encore une question : "Comment votre livre a-t-il été reçu en Israël ?" (Rires)

MP : Il n'a pas été reçu en Israël ! Je ne pense pas qu'en Israël quelqu'un l'ait lu. J'ai pris la parole à plusieurs occasions et j'ai eu plusieurs lancements du livre, mais chaque fois c'était de l'autre côté : une fois à Jérusalem-Est, une autre à Ramallah, etc.

Et donc, Israël ignore ceci totalement. Ça changera peut-être, je n'en sais rien, mais je n'ai jamais obtenu aucune réaction à, dans un sens ou dans l'autre, de qui que ce soit en Israël, à propos de ce livre.

Voilà !

L : Voilà pour les questions, mais il reste encore la signature des livres !

Applaudissons chaleureusement cet homme !



(Écran)
Vidéo Todd Boyle








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Bill Ryan

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