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La géopolitique de la
Troisième Guerre mondiale
Vidéo: (21
minutes)
Texte copié
[et traduit]
de ForbiddenKnowledgeTV
Si
vous avez vu il y a quelques jours
l'interview de
Webster Tarpley, cet excellent
résumé de la géopolitique mondiale
d'aujourd'hui pourra vous paraître
encore plus clair, mais SCG (le site "StormCloudsGathering")
fait un travail phénoménal :
...[Q]uand on voit les
porte-paroles de la classe
dirigeante commencer à
diaboliser un pays
étranger, la première
question à avoir à l'esprit
devrait toujours être :
"Qu'est-ce qui est en jeu
ici ?"
Depuis quelque
temps déjà, la Russie, la Chine,
l'Iran et la Syrie sont dans le
collimateur. Dès qu'on
comprend pourquoi, les
événements qui se déroulent en
ce moment même dans le monde
prennent beaucoup plus de sens.
On ne peut pas
vraiment comprendre le
11-Septembre et les germes d'une
Troisième Guerre mondiale si on
ne comprend
pas la pression exercée au
moyen du pétrodollar, qui a
été placée, depuis
les années 1970, sur
tous les pays qui voulaient
acheter du pétrole (...) comme
le dit ici SCG, avec
l'établissement du Pétrodollar, "...le
dollar est passé d'une
devise garantie par de l'or
à une devise garantie par du
pétrole. Il est également
devenu la principale
exportation des États-Unis."
====
Ce système fondé
sur le pétrodollar est demeuré
sans concurrent jusqu'à septembre
2000, lorsque Saddam Hussein a
annoncé sa décision de passer du
dollar à l'euro pour la vente du pétrole
irakien. Ce fut là une attaque
directe contre le dollar, et de
loin l'élément
géopolitique le plus important
de l'année, mais seul un
article des médias occidentaux
l'a
mentionné.
Le mois même où
Saddam annonçait
qu'il s'éloignait
du dollar, une organisation
nommée "Le Projet pour un
Nouveau Siècle Américain" ("The
Project for a New American
Century") -- dont il se
trouvait que Dick Cheney
était membre -- a publié un
document intitulé
"RECONSTRUIRE LES DÉFENSES
DE L'AMÉRIQUE,
Stratégies, forces et
ressources pour un siècle
nouveau". Ce document
appelait à une énorme
augmentation des dépenses
militaires US et à une
politique étrangère beaucoup
plus agressive, afin
d'étendre la domination
étasunienne dans le monde.
Les documents se
plaignaient néanmoins qu'atteindre
ces objectifs
demanderait des années "en
l'absence d'un élément
catastrophique et
catalyseur - une sorte
de nouveau Pearl
Harbor".
Ils
l'obtenaient l'année d'après.
En se servant
de la vive
émotion causée par le
11-Septembre, l'administration
Bush a pu envahir
l'Afghanistan et l'Irak, et
faire passer le Patriot Act (v. ici),
le tout sans provoquer de
résistance importante.
Il n'y avait
en Irak aucune arme de
destruction massive, et il ne
s'agissait pas là de "mauvais
renseignements". C'était un
mensonge délibéré et calculé, et
la décision d'invasion a été
prise en toute connaissance du
désastre qui allait
suivre.
Ils savaient
pertinemment ce qui allait se
produire, mais l'ont néanmoins
fait en 2003. Dès que les
gisements pétroliers irakiens se
sont retrouvés sous contrôle US,
les ventes
de pétrole se sont de
nouveau effectuées en
dollars. Mission accomplie.
Peu après
l'invasion de l'Irak,
l'administration Bush a tenté
d'étendre la guerre à l'Iran. Le
gouvernement iranien était censé
travailler à la construction
d'une arme nucléaire (...)
[mais] après le fiasco irakien,
la crédibilité de Washington
était sérieusement entamée. Il
leur a donc été impossible
d'obtenir l'appui international,
ni même national, nécessaire à
une intervention (...) La
campagne de diabolisation de
l'Iran s'est néanmoins
poursuivie, même sous
l'administration Obama.
Pourquoi ?
Eh bien,
serait-ce en rapport avec le
fait que l'Iran s'emploie
depuis 2004 à instaurer une
bourse indépendante pour le
pétrole ? Ils mettaient sur
pied leur propre marché
pétrolier, qui ne serait pas
lié au dollar. Les premières
livraisons de
pétrole par ce moyen ont eu
lieu en juillet 2011.
Incapables
d'obtenir la guerre qu'ils
souhaitaient, les États-Unis ont
utilisé l'ONU pour imposer
des sanctions à l'Iran. Le
but desdites sanctions étant
de renverser le régime
iranien. Même si elles ont
endommagé l'économie
iranienne, ces mesures n'ont
pas réussi à déstabiliser le
pays. Ceci en grande partie
grâce
au soutien de la Russie
dans le contournement des
restrictions bancaires
américaines.
En février
2009, Mouammar Kadhafi a été
nommé président de l'Union
Africaine. Il a immédiatement
proposé la formation d'un État
unifié doté d'une monnaie
unique. C'est la
nature même de la devise
proposée qui est la cause de
sa mort.
En mars 2009, l'Union
Africaine publia un document
intitulé "Vers une monnaie
africaine unique". Les pages
106 et 107 de ce document évoquent de
manière précise les
avantages et les aspects
techniques de la gestion de la
Banque centrale africaine
adossée à l'étalon-or.
Page 94, ce document
déclare clairement que le
succès de l'Union
Monétaire Africaine
reposerait sur le "lien
final entre une monnaie
africaine unique et la
plus monétaire de toutes
les matières premières --
l'or."
En 2011 la CIA
est allée en Libye commencer à
soutenir les groupes militants dans une
campagne destinée à renverser
Kadhafi. Puis les États-Unis
et l'OTAN sont intervenus et
ont interprété une résolution
de l'ONU concernant une zone
d'exclusion aérienne, afin de
rompre l'équilibre par des
frappes. La présence
d'extrémistes d'Al-Qaïda parmi
les combattants rebelles a
été passée sous silence.
La Libye,
tout comme l'Iran et l'Irak,
avait commis le crime
impardonnable de défier le
dollar américain.
L'intervention
de l'OTAN en Libye a été suivie
d'une guerre secrète en Syrie.
On a pillé les arsenaux du
gouvernement libyen et ces
armes ont été expédiées, via
la Turquie, aux rebelles
syriens cherchant à renverser
El Assad.
Il était déjà
clair à ce stade, que nombre de
ces combattants étaient liés à
des organisations terroristes.
L'appareil de la sécurité
nationale étasunienne
considérait néanmoins la chose
comme un mal nécessaire. De
fait, le Conseil des Relations
Étrangères
a publié en 2012 un article
déclarant que "l'arrivée des
jihadistes apporte la
discipline, la ferveur
religieuse, l'expérience de la
bataille acquise en Irak, le
financement des sympathisants
sunnites du Golfe, et plus
important encore, des
résultats meurtriers. Bref, le
FSA a actuellement besoin
d'Al-Qaïda." (...)
Soyons clairs
: les USA ont placé l'EIIL au
pouvoir
En 2013, ces
mêmes rebelles syriens liés à
Al-Qaïda ont causé deux
attentats au sarin. Le but en
était de faire porter le chapeau
à Assad et d'obtenir le soutien
international permettant de
déclencher une intervention
militaire. Ils ont heureusement
été dénoncés par l'ONU et les
enquêteurs russes, et la
pression exercée en faveur de frappes
aériennes a complètement échoué
lorsque la Russie est intervenue
pour trouver une solution
diplomatique.
La campagne
pour le changement de régime
en Syrie, tout comme en Libye,
a utilisé le prétexte des
droits de l'homme. De
toute évidence, il ne
s'agit pas là du vrai
motif.
Le Qatar
a proposé en 2009 de faire passer
par la Syrie et par la Turquie un
pipeline de gaz naturel destiné à
l'Europe. Assad s'y est cependant
opposé, et il a conclu en 2011 un
pacte avec l'Irak et l'Iran pour
faire passer un gazoduc à l'est,
qui maintiendrait complètement à
l'écart le Qatar et l'Arabie
Saoudite.
Sans surprise,
le Qatar, l'Arabie Saoudite et
la Turquie sont les acteurs
régionaux les plus agressifs
dans leur volonté de renverser
le gouvernement syrien.
Mais pourquoi
ce différend à propos d'un
gazoduc placerait-il la Syrie
dans le collimateur de
Washington ? Trois raisons :
1. Cet
accord lié au gazoduc
renforcerait de façon
significative la position de
l'Iran, leur permettant
d'exporter vers les marchés
européens, sans avoir à traverser
aucun pays allié de
Washington. Ce qui
limiterait bien sûr le
pouvoir du gouvernement étasunien.
2. La Syrie est
le plus proche allié de l'Iran. L'effondrement
de la Syrie affaiblirait
intrinsèquement l'Iran.
3. La Syrie et
l'Iran ont signé un accord
mutuel de
défense, et une intervention
US en Syrie pourrait mener à
un conflit ouvert avec l'Iran.
Cette partie
d'échecs mondiale est montée en
puissance en février 2014 dans
un nouveau lieu : l'Ukraine. L'objectif
visé était néanmoins la
Russie.
La Russie,
voyez-vous, se trouve être le
deuxième exportateur mondial de
pétrole, et ils sont non seulement
une épine diplomatique dans le
pied de Washington, mais les
Russes ont également ouvert en
2008 une bourse de l'énergie, où les
ventes se font en roubles et
en or. Ce projet était dans
les tuyaux depuis 2006. Ils
s'emploient aussi avec les
Chinois à écarter le dollar de
toutes leurs transactions
bilatérales.
La Russie
travaille également à mettre sur pied
une Union Économique
Eurasienne qui comporterait
l'adoption d'une unité de
compte commune, et qui devrait
bénéficier de son propre
marché de l'énergie,
indépendant.
La crise
ukrainienne résulte d'un choix :
soit d'entrer dans l'UE comme
Etat associé, soit d'adhérer à
l'Union Eurasienne. L'UE a insisté sur le fait
que c'était soit l'un, soit
l'autre. L'Ukraine ne
pouvait faire
partie des deux. En
revanche, la
Russie a affirmé que
faire partie des deux à
la fois n'était pas un
problème. Le
président Ianoukovitch a
décidé de se mettre du
côté de la Russie.
En réponse,
le système US de sécurité
nationale a utilisé sa procédure
habituelle : ils ont renversé
Ianoukovitch et mis en place un
gouvernement fantoche. (...)
Bien que tout
ait semblé se passer correctement
au départ, les USA ont rapidement
perdu le contrôle de la situation.
La Crimée a organisé un référendum
et le
peuple a voté massivement en
faveur de la sécession d'avec
l'Ukraine et pour la
réunification avec la Russie. La
transition s'est effectuée dans
la paix et l'ordre. Personne ne
fut tué, ce qui n'a pas
empêché l'Ouest de considérer
immédiatement tout l'événement
comme un acte d'agression de
la part de la Russie, et c'est
devenu depuis le leitmotiv.
La Crimée est
géopolitiquement importante par
sa position sur la Mer Noire,
qui permet l'envoi de forces
navales en Méditerranée. Pendant
la plus grande partie de
l'Histoire récente, la Crimée
a été territoire russe.
Les États-Unis
poussent depuis des années à
l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN. Un acte
de ce genre placerait les
forces étasuniennes sur la
frontière russe et aurait pu
avoir pour conséquence la
perte pour la Russie de sa base
navale en Crimée. C'est la
raison pour laquelle la
Russie a immédiatement
accepté le résultat du
référendum de Crimée et
a rapidement consolidé
son emprise sur le
territoire.
Entre temps, en
Ukraine Orientale, deux régions se
déclaraient indépendantes de Kiev
et organisaient leur propre
référendum. Dont les résultats se
révélaient à une majorité écrasante en
faveur de
l'autonomie.
Kiev a répliqué
par ce qu'ils ont appelé des
opérations anti-terroristes. En
pratique il s'agissait d'une
campagne de tirs d'artillerie
aveugles, qui ont coûté la vie à
des milliers de civils. Tuer
des civils n'était apparemment
pas considéré comme une
agression par l'Occident. En fait,
le FMI
a clairement averti le
gouvernement provisoire que
leur prêt de 17 milliards de
dollars pouvait être remis
en question s'ils se
révélaient incapables de
réprimer le soulèvement en
Ukraine
Orientale.
Alors que la
guerre faisait rage contre
l'Ukraine Orientale, des
élections se déroulaient, et ce
fut Petro Porochenko qui fut élu
président. Il se trouve que Porochenko a
été dénoncé en 2008 par un câble
diplomatique révélé par
WikiLeaks, où il est dit
qu'il jouait les taupes pour
le compte du Département d'État
US depuis 2006. Ils
l'appelaient "notre initié
ukrainien" et la plus grande
partie du document parlait
des informations qu'il
fournissait. (Un message
séparé montrait que les États-Unis
savaient Porochenko
corrompu, même déjà à
l'époque).
Il n'a cependant
pas suffi à Washington d'avoir une
marionnette en place pour lui
permettre de gérer la crise. Que
font les gens de Washington
quand ils ne disposent d'aucun
autre moyen de pression ? Ils
imposent des sanctions, ils
diabolisent et font des bruits
de bottes (ou causent un
événement sous faux pavillon).
Ce n'est pas une
bonne stratégie quand il s'agit de
la Russie. Cela s'est d'ailleurs
déjà retourné contre eux. Les sanctions
n'ont réussi qu'à rendre plus
étroite la coopération
sino-russe,
et à accélérer le programme
russe de répudiation du
dollar. En dépit de la
rhétorique, la Russie ne s'en
est pas trouvée isolée pour
autant. Les États-Unis
et l'OTAN ont dressé une
barrière entre eux et la
Russie, mais pas entre la
Russie et le reste du monde
(cherchez le mot BRICS, si
vous en doutez).
Ce nouvel axe
anti-dollar dépasse le domaine
économique. Ces pays-là comprennent
l'enjeu. C'est la raison pour
laquelle la Chine a proposé,
dans le sillage de la crise
ukrainienne, un nouveau pacte de
sécurité eurasien qui inclurait
la Russie et l'Iran.
Considérez-en
les implications, à un moment où
l'administration Obama commence à
bombarder la Syrie, qui a signé
par ailleurs un accord mutuel
de défense avec l'Iran.
Il ne s'agit
pas d'une version 2.0 de la
guerre Froide. Mais de la
version 3.0 de la Guerre
mondiale. Les masses ne
l'ont peut-être pas compris, mais
c'est ainsi que l'Histoire le
retiendra.
Les
alliances comment déjà à se
renforcer, et une Guerre Chaude
est déjà en route sur de
multiples fronts. Si les
provocations et les guerres par
procuration se poursuivent, la
confrontation directe des
principaux acteurs n'est plus
qu'une question de temps, et
cela mènera droit au désastre.
Tout ceci vous
paraît-il aberrant ? Eh bien, vous
avez raison. Les gens qui dirigent
actuellement le monde sont fous,
et le public se déplace en
somnambule dans une tragédie.
Si vous désirez
changer le cours des événements,
il n'y a qu'une façon de le faire.
Il nous faut éveiller ce public. Même
les plus puissantes armes de
guerre sont neutralisées si
vous atteignez l'esprit de l'homme qui
a le doigt sur la gâchette.
Comment
éveillons-nous les masses,
demandez-vous ? N'attendez pas que
quelqu'un réponde à votre place.
Soyez créatifs. Agissez comme si
l'avenir de vos enfants et de vos
petits-enfants en dépendait, parce
que c'est le cas.
Fin de l'article]
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