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En Hommage
à 9 aviateurs des bases aériennes de Minot et Barksdale
(2007)
Cette page, reformatée par The Avalon Translation Project,
provient d'une publication du site originel de Project Camelot.
Ogives nucléaires disparues : une trahison au plus
haut niveau
Source : Global Research/Mondialisation.ca
Par Mahdi Darius Nazemroaya
Traduction: Dany Quirion et Pétrus Lombard pour Alter
Info. Révisé par Nicolas Gourio pour
Mondialisation.ca.
Mise en page alignée sur celle de Project Camelot.
Selon de nombreux rapports, plusieurs bombes nucléaires
ont été « perdues » pendant 36 heures après qu’elles aient
décollé le 29-30 août 2007 pour un voyage d’un bout à
l’autre des États-Unis, de la base militaire de l’US Air
Force de Minot dans le Dakota du Nord à la base militaire
de l’US Air Force de Barksdale en Louisiane. [1]
Selon certaines informations, six ogives nucléaires W80-1
armées sur des missiles de croisière AGM-129, auraient été
« perdues. » [2] L’histoire a été signalée pour la
première fois par le Military Times, après que des
militaires aient laissé filtrer l’histoire.
Il est également intéressant de noter que le
27 août 2007, soit quelques jours avant l’incident des
missiles nucléaires « perdus », trois bombardiers B-52
effectuaient des missions spéciales sous mandat direct du
général Moseley, chef d’état-major de l’US Air Force. [3]
Il a été rapporté que l’exercice était une mission de
collecte d’images et d’informations aériennes. La base de
Minot est aussi le siège de la 91ème Space Wings
[NDT : une unité de missiles stratégiques], une unité sous
le commandement de l’Air Force Space Command [NDT : Force
aérienne spatiale des États-Unis, ayant entre autre la
responsabilité des missiles intercontinentaux à têtes
nucléaires].
Selon les rapports officiels, les pilotes de l’US Air
Force ne savaient pas qu’ils transportaient des
armes de destruction massive. Une fois rendus en
Louisiane, ils ont également laissé les armes nucléaires
sans surveillance sur la piste d’atterrissage pendant
plusieurs heures. [4]
Le Major Général Richard Y. Newton III, adjoint du chef
d’état-major de l’US Air Force pour les Opérations, les
Plans et les Besoins, a commenté l’incident en disant
qu’il y avait eu une série d’erreurs de procédure « sans
précédent », qui a révélé « l’effritement du respect des
normes de manipulation des armes. » [5]
Ces déclarations sont trompeuses. Le relâchement de la
sécurité ne résultait pas de négligences dans les
procédures au sein de l’US Air Force, mais plutôt d’une
falsification délibérée de ces procédures.
Quand un soldat, un marine, un aviateur ou un matelot
reçoit un fusil et un chargeur, armes de moindre
importance par leur dangerosité et leur coût, cette action
est soumise au contrôle d’une série de procédures
administratives très strictes, elles-mêmes soumises à la
chaîne de commandement. Cela fait partie de la série de
contrôles et de mesures utilisés par tous les services des
forces armées US.
Les militaires qualifiés pour parler de ce sujet peuvent
confirmer qu’il existe une procédure rigoureuse relative à
la manipulation des armes nucléaires. Lorsqu’il s’agit de
manipuler de telles armes, la chaîne de commandement est
sévère et pratiquement inflexible : un simple soldat,
matelot, aviateur ou marine n’est évidemment pas autorisé
à les manipuler. Seuls les militaires spécialisés dans les
procédures spécifiques de manutention et de chargement
sont autorisés à accéder, manipuler et charger les ogives
nucléaires.
Chaque membre du personnel qui déplace ou même qui touche
ces armes doit signer un formulaire de suivi et de
contrôle qui le rend entièrement responsable de leur
mouvement. Les procédures administratives qui régissent
ces manipulations existent pour de bonnes raisons. Les
officiers qui ordonnent le déplacement des armes
nucléaires, notamment les commandants des bases
militaires, doivent également remplir les formulaires en
question.
Autrement dit, déménager sans autorisation des armes
nucléaires serait pratiquement impossible à accomplir
à moins que la chaîne de commandement soit contournée,
ce qui impliquerait dans ce cas la falsification
délibérée des formulaires et des procédures de suivi.
Les bombardiers stratégiques qui transportent des armes
nucléaires ne peuvent pas non plus voler chargés avec
leurs armes nucléaires sans l’autorisation des hauts
responsables militaires et du commandant de la base. Le
feu vert des hauts responsables militaires doit être
transmis aux militaires qui chargent les armes nucléaires.
Sans cette autorisation, aucun vol ne peut avoir lieu.
Dans le cas des missiles nucléaires « perdus », les
ordres ont été donnés et l’autorisation de vol a été
accordée. Une fois de plus, tout membre compétent et
qualifié de l’US Air Force peut certifier que c’est la
procédure régulière.
Concernant l’incident des missiles nucléaires « perdus »,
deux importantes questions exigent des réponses :
1. Qui a donné l’ordre d’armer les ogives
thermonucléaires W80-1 sur des missiles de croisière
AGM-129 ? A quel niveau de la hiérarchie militaire cette
décision a-t-elle été prise ? Quel a été le cheminement de
l’ordre dans la chaîne de commandement ?
2. Si ce n’était pas une erreur de procédure, quel était
l’objectif militaire ou politique sous-jacent poursuivi
par ceux qui ont donné les ordres ?
La perte d’armes nucléaires est impossible
Comme l’a commenté Robert Stormer, ancien capitaine de
corvette de l’US Navy : « Les reportages de presse ont
initialement présenté l’erreur commise par l’US Air Force
de transporter par voie aérienne des armes nucléaires
au-dessus des États-Unis en violation des ordres
permanents de l’US Air Force et des traités
internationaux, mais ils ont complètement omis des
questions plus importantes, telles que « comment a-t-on pu
égarer six missiles de croisière nucléaires ? » [6]
Robert Stormer soulève aussi un point essentiel qui n’est
pas vraiment un secret : « Il existe une procédure de
protection très stricte pour toutes ces armes. La
manipulation des armes nucléaires est expliquée avec force
détails dans les règlements de l’US Air Force, ce qui est
tout à l’honneur de ce service. Toute personne qui ordonne
le déplacement de ces armes, leur manipulation, qui brise
leurs scellés ou les déplace, doit en rendre compte dans
le cadre des procédures de suivi. » [7]
Robert Stormer poursuit : « Lorsqu’il s’agit d’armes
nucléaires, deux spécialistes des munitions armées sont
tenus de travailler en équipe. Toutes les personnes qui
travaillent avec des armes nucléaires doivent satisfaire à
des normes de sécurité très strictes et faire l’objet de
vérifications sur leur loyauté (selon le Programme de
fiabilité du personnel concernant les armes nucléaires,
directive 5210 42 du ministère de la Défense). Elles
travaillent dans des zones restreintes, en vue les unes
des autres et sont constamment contrôlées ». [8]
Robert Stormer dénonce cette dissimulation totale du
Pentagone en rappelant certains faits logiques et
certaines procédures militaires. Premièrement, il dévoile
que « toutes les forces de sécurité affectées [à la
manipulation et à la protection des armes nucléaires] sont
autorisées à utiliser la force létale pour protéger les
armes contre toute menace [y compris le vol]. » [9]
Il fait ensuite remarquer que la réalité physique ne peut
être ignorée : « Personne ne peut déplacer rapidement un
missile de croisière d’une tonne, ou en oublier six
d’entre eux, comme le rapportent certains médias, en
particulier des missiles de croisière chargés avec des
explosifs de haut niveau. »
Il relève plus loin une autre réalité physique et
procédurale sur l’assemblage des armes nucléaires :
« Les États-Unis ne transportent pas non plus d’armes
nucléaires destinées à être démantelées attachées aux
dispositifs de lancement sous les ailes d’un avion de
combat. La procédure prévoit de séparer l’ogive du
missile, d’enfermer l’ogive dans un caisson et de la
transporter par avion cargo militaire vers un dépôt, et
non vers une base de bombardiers opérationnels, qui se
trouve être justement une zone de transit [NDT :
Barksdale] pour les opérations du Moyen-Orient. [10]
Ce dernier point soulève la question de la destination
des armes nucléaires. Dans ce contexte, Robert Stormer
dresse une liste d’importantes questions pour lesquelles
il demande une réponse :
1. Pour quelle raison ces armes nucléaires ont-elles été
transportées à Barksdale ?
2. Combien de temps a-t-il fallu avant que l’erreur soit
découverte ?
3. Combien de fautes et d’erreurs ont été commises, et
combien étaient nécessaires pour que cela se produise ?
4. Combien de protocoles de sécurité ont été négligés, et
lesquels ?
5. Combien de procédures de sécurité ont été
court-circuitées ou ignorées, et lesquelles ?
6. Combien d’autres manquements aux procédures de
commandement et contrôle y a-t-il eu ?
7. Que compte faire le Congrès afin de mieux superviser
le commandement et le contrôle nucléaire US ?
8. Comment apprécier cet incident face aux préoccupations
sur la fiabilité du contrôle des armes nucléaires et du
matériel nucléaire en Russie, au Pakistan et ailleurs ?
9. L’administration Bush a-t-elle des plans pour attaquer
l’Iran avec des armes nucléaires, comme certains bulletins
d’informations le suggèrent ?
C’est une question de perception qui peut être « claire »
ou « obscure » : pourquoi les ogives nucléaires n’ont pas
été préalablement retirées des missiles ?
Pour ceux qui ont examiné cette série d’événements «
obscurs », il devient « clair » qu’un gouvernement
criminel dirige les États-Unis. En aucune façon, six
missiles nucléaires n’auraient pu être chargés « par
erreur », surtout quand les ogives séparées devaient être
chargées sur les missiles par du personnel spécialisé dans
ces tâches critiques.
Il a aussi été dit que les équipes militaires des bases
aériennes de Minot et de Barksdale ont commis de grosses «
erreurs de procédure. » Quelle est la probabilité pour que
cela se produise simultanément en deux endroits ?
Il est également intéressant de noter que les rapports
originaux provenant de sources militaires affirment que
seules cinq des six ogives nucléaires de Minot ont fait
l’objet d’un compte-rendu à Barksdale. [11] Les ogives
nucléaires sont également conservées dans des aires de
stockage spécialisées ou dans des bunkers. De plus, les
armes nucléaires ne sont pas démantelées à Barksdale.
Le rôle du Programme de Sûreté des Armes Nucléaires
: qu’est-il arrivé à la surveillance électronique ?
Le Programme de Sûreté des Armes Nucléaires est un
programme commun aux ministères de la Défense et de
l’Énergie. L’Agence de Sécurité Nationale (NSA) est
également impliquée, ainsi que d’autres organismes du
gouvernement fédéral. Le Programme de Sécurité du Système
d’Armes Nucléaires fait partie de ce programme, qui
comprend un système de surveillance et de protection de
l’arsenal nucléaire des États-Unis.
Les Normes de Sécurité des Armes Nucléaires relèvent du
Programme de Sûreté des Armes Nucléaires et sont en place
afin d’interdire tout « accès non autorisé aux armes
nucléaires ; prévenir leur endommagement ou leur sabotage
; empêcher d’en perdre la garde ; et éviter, le plus
possible, la contamination radiologique causée par des
actes non autorisés. »
Au-dessous de ces systèmes de protections, il existe
aussi un contrôle rigoureux de l’usage du système, qui est
lié à la chaîne de commandement militaire et à la Maison
Blanche.
« Commandement et Contrôle (C2) » et « contrôle de
l’usage »
Le « contrôle de l’usage » est un ensemble de mesures de
sécurité destinées à empêcher l’accès non autorisé aux
armes nucléaires. Ces mesures comprennent les
caractéristiques de conception des armes, les procédures
opérationnelles, la sécurité, et les règles de sûreté des
systèmes.
Le « Commandement et Contrôle » ou « C2 » implique le
Bureau du Président des États-Unis d’Amérique. C2 est une
chaîne de commandement liée à la Maison Blanche. Sans
elle, les armes nucléaires ne peuvent pas être déployées
ou armées comme elles l’ont été à la base militaire de
Minot. Ce sont ces deux éléments de contrôle qui
instaurent la base de l’autorisation à travers laquelle «
le contrôle absolu des armes nucléaires » est
maintenu « à chaque instant. »
En plus des moyens de contrôles mis en place pour assurer
la manipulation des armes nucléaires, l’Agence de
réduction des risques de défense (Defence Threat
Reduction Agency) et ses partenaires inspectent et
surveillent manuellement et électroniquement toutes les
armes nucléaires US, grâce aux Systèmes d’Information sur
l’État des Armes Nucléaires (Nuclear Weapon Status
Information Systems).
D’autres questions sans réponses : qu’est-il arrivé
au système de suivi informatisé ?
Les systèmes d’information de gestion nucléaire (Nuclear
Management Information Systems) sont reliés entre eux et
permettent (au ministère de la Défense) de repérer
l’emplacement des armes nucléaires et de suivre les
composants du « berceau au tombeau » (depuis le moment où
elles sont conçues jusqu’au moment où elles sont
démantelées). [12]
Le Military Times a aussi fait une omission qui
montre bien la fausseté du récit officiel et indique que
cet événement n’était pas qu’une erreur : « Le ministère
de la Défense utilise un programme informatique de suivi
pour surveiller chacune de ses ogives nucléaires » a
déclaré Hans Kristensen, directeur du Projet d’Information
Nucléaire de la Fédération des scientifiques américains.
Chacune des six ogives montées sur le B-52 aurait dû être
répertoriée à sa sortie du bunker de stockage et à son
convoyage vers le bombardier. [13]
C’est à ce moment que la chaîne de commandement
intervient. Si des armes nucléaires d’un stock inventorié
sont déplacées vers un lieu autorisé, elles sont
répertoriées et suivies à la trace par l’Agence de
Réduction des Risques de Défense, ce qui nécessite une
autorisation appropriée. Il existe également un système de
codes lié à la chaîne de commandement.
Le fait que l’incident semble avoir été connu de l’US Air
Force seulement au moment où il a été signalé par le
personnel militaire suggère qu’il a été ordonné de
déplacer les armes nucléaires, ou que les dispositifs de
suivi électronique ont été enlevés ou trafiqués. Ce
scénario signifierait que des membres du personnel
possédant un savoir-faire dans l’électronique militaire
soient impliqués ou que les responsables de la
surveillance des armes nucléaires aient détourné leur
attention, ou les deux.
Morts mystérieuses à l’US Air Force : maquillage et
dissimulation
Plusieurs militaires sont morts dans des circonstances
mystérieuses peu de temps avant et après l’incident. Le
décès de ces membres de l’US Air Force soulève des
interrogations quant à leur implication directe ou
indirecte dans cet événement. Il est également nécessaire
de préciser qu’il n’existe aucune preuve qui lie ces décès
au vol de Minot à Barksdale au mois d’août.
D’après l’organisation Citizens for Legitimate
Government (Citoyens pour un gouvernement légitime),
qui aurait établi un lien entre l’incident et plusieurs
décès de soldats américains, l’US Air Force a tenté
d’étouffer l’affaire. Lori Price a également affirmé au
nom de Citizens for Legitimate Government qu’ «
environ quatorze signatures étaient nécessaires pour
monter une arme nucléaire sur un B-52. »
Sur la base de plusieurs sources d’informations,
notamment l’US Army, nous présentons ci-dessous une revue
détaillée de ces décès mystérieux et prématurés.
Todd Blue
Le caporal Todd Blue a pris un congé de quelques
jours après que les armes nucléaires ont été « perdues. »
Blue est mort à l’âge de 20 ans, le 10 septembre 2007, à
un moment suspect pendant sa permission, alors qu’il
rendait visite à sa famille à Wytheville en Virginie. Il
était membre des forces de réaction affectées au 5ème
Escadron des Forces de Sécurité. Qu’est-ce que cela
signifie ?
Le caporal Todd Blue occupait une position clef dans
les systèmes de sécurité des armes à Minot. [14] À
la base de l’US Air Force de Minot, au 5ème Escadron des
Forces de Sécurité auquel il appartenait, il était
responsable des qualifications d’entrée exigées pour
accéder à la base et pour une section particulière, la
section des Systèmes de Sécurité des Armes. Il avait pour
responsabilité d’empêcher le déplacement non autorisé de
matériel militaire. Cette section est responsable de la
sécurité de toutes les ressources prioritaires,
c’est-à-dire la sécurité des armes nucléaires. Autrement
dit, non seulement le 5ème Escadron des Forces de Sécurité
garde l’œil sur ce qui entre et sort de Minot, mais il
surveille également les armes nucléaires.
John Frueh
Le capitaine de l’US Air Force John Frueh
est un autre militaire qui aurait pu être
indirectement liés à la « perte » des armes
nucléaires. On a rapporté l’avoir vu la dernière
fois avec un GPS, un appareil photo et un
caméscope, qu’il transportait dans un sac à dos.
La police locale de l’Oregon et le FBI semblent
l’avoir recherché pendant des jours. Sa famille a
également senti qu’il lui était arrivé quelque
chose de grave.
Le 8 septembre 2007, le capitaine Frueh était retrouvé
mort dans l’État de Washington, près de sa voiture de
location abandonnée, après que la police de Portland a
contacté le shérif adjoint du comté de Skamania. [15] Son
dernier contact avec sa famille remontait au 30 août 2007.
Il arrivait de Floride pour assister à un mariage auquel
il ne s’est jamais présenté. D’après le journal The
Oregonian « les autorités de Portland n’ont trouvé aucune
utilisation de sa carte de crédit ou de sa carte bancaire
depuis qu’il [Frueh] a été aperçu pour la dernière fois
(…) [et que] le dernier appel passé depuis son téléphone
cellulaire a été effectué à 12h28 [le 30 août 2007] à
partir du boulevard Mill Plain et de l’autoroute 205 à
Vancouver [dans l’État de Washington]. » [16]
Il avait une formation en météorologie et fait des études
sur l’atmosphère et le climat. Il a également été indiqué
qu’il était officier parachutiste sauveteur de l’US Air
Force. [17] Il avait également été retenu comme candidat
au grade de major [NDT : commandant], ce qui signifie
qu’il a été sélectionné pour la promotion au grade de
major de l’US Air Force, mais qu’il n’a pas été
officiellement promu.
Le capitaine Frueh appartenait au Commandement des
Opérations Spéciales de l’US Air Force (US Air
Force Special Operations Command.) Le siège de cet
état-major est situé à Hurlburt Field en Floride et
est l’un des neuf grands centres de commandements de l’US
Air Force. C’est aussi un composant du Commandement des
Opérations Spéciales des États-Unis de l’US Air Force, un
commandement unifié installé dans la base aérienne
militaire MacDill, également située en Floride. Cet
élément fournit les groupes des opérations spéciales
déployés à travers le monde entier et les affectations aux
commandements régionaux unifiés, tel que le CENTCOM. Sa
mission inclut la conduite des opérations spéciales
mondiales. Ces opérations – et c’est un détail important –
vont de « l’utilisation des armes de précision, telle que
les armes nucléaires », à l’infiltration, en passant par
l’exfiltration (récupération d’espions, d’agents spéciaux,
d’unités, de « dispositifs » en territoire ennemi), ainsi
que du réapprovisionnement ou ravitaillement d’éléments
opérationnels spéciaux.
L’affaire de la mort du capitaine Frueh est aussi
suspecte. L’US Air Force ne laisserait pas la police mener
une enquête sur une personne disparue sans avoir procédé à
ses propres investigations au préalable. Généralement,
avant de remettre un cas individuel à la police, les
différents services de l’US Army enquêtent pour
retrouver les militaires portés disparus, pour déterminer
si ces personnes sont absentes sans permission ou si elles
ont déserté.
Clint Huff, Linda Huff et Weston Kissel
Un autre météorologiste militaire et sa femme sont morts
après le 30 août 2007. Le caporal-chef Clint Huff,
qui appartenait au 26ème Escadron Météorologique
Opérationnel, et son épouse Linda Huff sont décédés dans
un accident de moto le 15 septembre 2007. [18] L’accident
s’est produit sur l’autoroute Shreveport-Blanchard, près
de la base de l’US Air Force de Barksdale lorsque,
selon l’assistant shérif Caddo Parish, une Pontiac Aztec,
un véhicule utilitaire de taille moyenne, a fait un virage
à gauche au moment même où le couple tentait de passer
dans une zone où le dépassement est interdit; et ils se
sont percutés. [19]
Le lieutenant Weston Kissel, pilote de
bombardier forteresse volante stratosphérique
(Stratofortress) B-52H, a également été tué dans un
accident de moto au Tennessee. L’accident s’est produit
alors qu’il était en congé, moins de deux mois avant le
vol du B-52 armé d’engins nucléaires, le 17 juillet 2007.
[20] Sa mort est survenue après un autre accident de
voiture impliquant un militaire de Minot, le caporal-chef
Adam Barrs. [21]
Adam Barrs and Stephen Garrett
Le caporal-chef Barrs est mort alors qu’il était le
passager d’un véhicule conduit par le caporal Stephen Garrett, également de
Minot. Garrett appartenait aussi au 5ème Escadron de
Maintenance des Aéronefs.
L’accident ayant provoqué sa mort n’aurait pas impliqué
d’autre véhicule. D’après le reportage d’Associated
Press, « un fonctionnaire de la base [de Minot] a
déclaré que Barrs, âgé de 20 ans, était le passager d’un
véhicule qui n’avait pas réussi à négocier un virage,
avait percuté le remblai, heurté un arbre et pris feu
mardi soir [le 3 juillet 2007]. » [22] Barrs a été déclaré
mort sur les lieux du sinistre, alors que Garrett était
transporté à l’hôpital, sans autre détail de l’US Air
Force. Adam Barrs appartenait également au 5ème Escadron
de Maintenance des Avions, où il était responsable de
l’entretien et de la sécurité des systèmes de
communications électroniques et des systèmes de navigation
à bord des Stratofortresses B-52H de la base. Le 5ème
Escadron de Maintenance des Aéronefs est aussi l’une des
unités responsables du chargement et du déchargement des
armes sur les Stratofortresses B-52H.
L’argument de la mort de Kissel et celle de Barrs
pourrait être rejeté d’emblée car les décès sont survenus
avant l’incident. Cependant, Barrs et Kissel auraient pu
être d’une manière ou d’une autre liés à la planification
de l’opération spéciale, avant l’incident (les opérations
spéciales ne sont pas planifiées en quelques jours, elles
peuvent prendre des mois, voire plus). Bien entendu, il
n’existe aucune preuve et seule une enquête indépendante
serait en mesure de déterminer si ces décès sont liés à
l’incident.
S’il existait une opération secrète interne
court-circuitant la hiérarchie, un petit groupe d’hommes à
des postes clés aurait dû être impliqué durant une période
de temps avant le vol des 29-30 août 2007. Le caporal-chef
Barrs, en raison de son expertise dans les systèmes de
communication et de navigation, pourrait potentiellement
avoir été impliqué dans les préparatifs qui auraient
permis aux armes nucléaires d’échapper au contrôle de la
surveillance militaire et d’être prêtes pour le décollage.
Blâmes, remplacements et mutations dans la chaîne
de commandement de l’US Air Force
Des officiers supérieurs, dont trois colonels et un
lieutenant-colonel, sont parmi les soixante-dix personnes
qui auraient fait l’objet de sanctions disciplinaires pour
négligence et pour avoir permis à un bombardier
Stratofortress B-52H de survoler les États-Unis en
transportant six missiles de croisière nucléaires armés,
qui n’auraient jamais dû être fixés sous ses ailes. [23]
Selon le Military Times, George W. Bush Jr.
aurait été rapidement informé. Il s’agit d’une procédure
rigide, qui illustre l’importance des autorisations
nécessaires pour manipuler les armes nucléaires. Cela fait
partie d’un processus à double sens en ce qui concerne
l’autorisation de la Maison Blanche.
Le colonel Bruce Emig, commandant du 5ème Escadron de
Munitions et du 5ème Escadron de Bombardement, a été
remplacé ainsi que plusieurs autres officiers supérieurs.
Cela sous-entend que la chaîne de commandement de l’US Air
Force était directement impliquée dans cet événement.
Selon des sources militaires américaines, aucun de ces
officiers supérieurs n’a été autorisé à prendre la parole
ou à faire des déclarations. Ces officiers recevront-ils
de grosses primes de départ ? Ont-ils été mutés ?
De manière plus générale, la nature des blâmes visant des
officiers supérieurs impliqués n’a pas été entièrement
divulguée.
Le « souvenir » de l’incident est en train d’être effacé
grâce à la réorganisation des rangs et à une purge dans la
base de Minot. La réorganisation de la chaîne de
commandement, ainsi que les morts mystérieuses des membres
du personnel qui auraient pu être impliqués dans
l’incident, soulèvent une vaste série de questions.
Plusieurs problèmes importants concernant les officiers
supérieurs de la chaîne de commandement de Minot seront
traités dans le présent article. Une fois de plus, les
questions les plus importantes concernant les armes
nucléaires disparues sont : qui a donné les ordres et
le mandat pour l’opération et quels étaient les
objectifs tacites du chargement des missiles
nucléaires armés ?
Autres décès mystérieux : l’incident des armes
nucléaires « disparues » est-il relié aux plans de
guerre US dirigés contre l’Iran ?
Charles D. Riechers
Un officier de l’US Air Force, Charles D. Riechers, a été
retrouvé mort le 14 octobre 2007. [24] Riechers était en
retraite de l’armée de l’air et maître navigateur
spécialisé dans la guerre électronique. Il était membre du
Senior Executive Service de l’US Air Force et il
était le principal député secrétaire-assistant de la Force
aérienne pour les Acquisitions et la Gestion. Une
description de ses fonctions comprend « la fourniture de
conseils d’expert et de recommandations pour les
politiques d’achat et d’acquisition, ainsi que la
formulation, la vérification et l’exécution des plans, des
programmes et des politiques relatifs à l’organisation, à
la fonction, à l’exploitation et à l’amélioration du
système d’acquisition de la Force aérienne. »
Il s’est apparemment suicidé en laissant tourner le
moteur de sa voiture à l’intérieur de son garage dans une
banlieue en Virginie. Le Washington Post a fait le lien
entre la mort de Charles D. Riechers et son implication
dans des activités frauduleuses et des détournements de
fonds. [25] Le Washington Post a rapporté que l’Air Force
avait demandé à une entreprise sous contrat de la Défense,
le Commonwealth Research Institute (C.R.I.), de
lui donner un travail avec des attributions inconnues
pendant qu’il attendait l’habilitation officielle de sa
montée en grade au Pentagone. Riechers est cité pour avoir
dit : « Je n’ai rien fait pour le C.R.I. » et « je reçois
[toujours] un chèque de paye d’eux. » La question, bien
sûr, est de savoir si une entreprise sous contrat pouvait
s’attendre en retour à des faveurs suite à son affectation
au Pentagone en janvier dernier. [26] Une mystérieuse
lettre de suicide exprimant la honte a par la suite été
signalée ; la lettre serait celle d’un homme qui avait
déjà admis sans honte qu’il recevait de l’argent à ne rien
faire. C’était connu du Sénat des États-Unis, qui avait
approuvé sa promotion.
Dans un article de la Pravda, les analystes du
renseignement de Russie affirment que le suicide de
Charles D. Riechers était une dissimulation et qu’il avait
été assassiné en raison de son implication dans l’affaire
controversée du transport aérien d’armes nucléaires sur le
continent des États-Unis.
D’après la Pravda, « les analystes du renseignement de
Russie rapportent que des « chefs de guerre » des
États-Unis ont « suicidé » [sic] l’un des hauts
fonctionnaires de l’US Air Force, Charles D. Riechers. Un
fossé grandissant se creusait entre les « chefs de guerre
» des États-Unis et leurs responsables militaires de haut
rang au sujet d’une attaque nucléaire contre l’Iran, et
que la situation confinait à la guerre ouverte. » [27]
Selon le reportage de la Pravda, l’incident était lié à
une opération de contrebande visant à subtiliser des armes
nucléaires à l’US Army, dans le cadre du
déclenchement d’une guerre contre l’Iran.
Le Commonwealth Research Institute, organisation
à but non-lucratif, est une filiale de Concurrent
Technologies, enregistré auprès du fisc comme un organisme
de charité exonéré d’impôt, dirigé par Daniel Richard
DeVos. DeVos est également associé à John P. Murtha, qui a
fait l’objet d’une enquête du FBI pour ses relations avec
l’Arabie Saoudite.
Certes, les liens du Commonwealth Research Institute,
un organisme à but non-lucratif qui travaille pour le
Pentagone, sont discutables et l’organisation pourrait
être une couverture pour des opérations internes qui
permettent de contourner la hiérarchie militaire.
L’affaire semble faire partie d’une opération interne
qu’on dissimulerait à la plupart des militaires US, mais
dans quel but ?
Russell E. Dougherty
Le 7 septembre 2007, soit plus d’un mois avant la mort de
Riechers, le général Russell Elliot Dougherty,
officier à la retraite, trouvait la mort à son domicile de
Falcon Landing, une communauté de militaires retraités
située à Potomac Falls, à Arlington en Virginie. [28] Le
général Dougherty était jadis l’un des plus hauts
responsables de l’arsenal nucléaire de l’US Army,
ainsi qu’un ancien commandant du Strategic Air Command
(NDT : unité chargée de la sécurité aérienne des USA) et
directeur de l’État-Major Interarmées de Planification des
Objectifs Stratégiques, chargé – entre autres
–d’identifier des cibles nucléaires à travers le monde. À
Minot, il y avait à côté de sa nécrologie une note de
service sur le suicide détaillant au personnel les signes
avant-coureurs des tentatives de suicide. [29]
Au cours de sa carrière militaire dans l’US Air Force,
Russell Dougherty était chargé des questions relatives à
la Destruction Mutuelle Assurée (MAD en anglais), de
l’éventail complet des aspects de la prédominance, de la
façon de vaincre l’ennemi et d’éviter la guerre nucléaire,
des usages alternatifs de l’armement nucléaire, de la
prééminence nucléaire des États-Unis, et de la prise en
compte des effets du vent et des conditions
météorologiques – imprévisibles par nature – dans
l’utilisation des armes nucléaires.
Le fait que les ogives nucléaires aient été installées
sur des missiles de croisière pourrait signifier que
quelqu’un a voulu dérober les armes en une seule fois ou
les utiliser tout de suite.
Avant l’incident des missiles nucléaires perdus,
les aviateurs de la base de Minot ont rencontré le
Président et le chef d’état-major de l’US Air Force
Plusieurs officiers commandants à Minot ont été récemment
nommés, en juin 2007. Cela faisait sans doute partie des
procédures habituelles, mais le timing ne doit pas être
ignoré pour autant.
Juste avant l’incident, le colonel Robert D.
Critchlow a été transféré du Pentagone à Minot, et
nommé commandant du 91ème Groupe d’Opérations, une unité
de missileer (avions lance-missiles air-air) et de
soutien opérationnel de la 91ème Escadre de Bombardement.
À Washington, il était impliqué dans la recherche pour le
Service de Recherche du Congrès, et fut assigné par la
suite à la Riposte Nucléaire et à la Défense de la Nation
de l’US Air Force (Air Force Nuclear Response and Homeland
Defence).
Le colonel Myron L. Freeman a été transféré du
Japon à Minot en juin 2007. Il a été nommé commandant du
91ème Groupe des Forces de Sécurité, chargé d’assurer la
sécurité de l’arsenal nucléaire à Minot.
Le colonel Gregory S. Tims a également été nommé
commandant adjoint, ou vice-commandant, de la 91ème
Escadre de Bombardement en juin 2007. Toutefois, le
colonel Tims avait été transféré de Californie à Minot
près d’un an auparavant.
L’un des plus anciens sous-officiers, le sergent-chef
maître Mark R. Clark, a également été transféré du
Nebraska à la base de Minot en juillet 2007.
Le colonel Roosevelt Allen a également été
transféré de Washington à Minot, pour devenir le
commandant du 5ème Groupe Médical.
Le colonel Bruce Emig, aujourd’hui ancien
commandant de la 5ème Escadre de Bombardement, a également
été transféré de la base Ellsworth, dans le Dakota du Sud,
à la base de Minot en juin 2007. Le colonel Emig était
également commandant de la base de Minot.
La colonel Cynthia M. Lundell, aujourd’hui ancien
commandant du 5ème Groupe de Maintenance, l’unité
responsable du chargement et du déchargement des armes sur
les Stratofortresses B-52H, avait également été récemment
transférée d’un poste de l’OTAN en Europe de l’Ouest en
juin 2007. Ces nominations étaient-elles temporaires ou
étaient-elles liées aux six missiles nucléaires « perdus »
?
Avant l’incident des missiles « perdus », les
aviateurs de la base de Minot ont rencontré le
Président et le chef d’État-major de l’US Air Force.
Le 15 juin 2007, George W. Bush Jr. a
rencontré les officiers supérieurs de la base de l’US Air
Force de Minot à la base McConnell de l’US Air Force de
Wichita au Kansas, au cours d’une visite aux installations
des Systèmes de Défense Intégrés de Boeing. Parmi eux se
trouvait le major Daniel Giacomazza du 5ème Escadron du
Soutien Opérationnel.
Le sénateur Patrick Roberts du Kansas était également
présent. Selon des informations d’Associated Press, «
pendant qu’il présidait le Comité sur le renseignement du
Sénat de 2002 à 2007, [le sénateur] Roberts faisait
obstruction à toute tentative d’enquête, de la
manipulation du renseignement dans la course à la guerre
en Iraq, aux écoutes électroniques sans mandat du
président Bush, en passant par les allégations d’usage de
torture par la CIA. » [30] Le même rapport indique
également que le président des États-Unis est allé à
Wichita pour une collecte de fonds destinée à la campagne
du sénateur Roberts, et qu’il s’est arrêté à la nouvelle
Maison des Jeunes pour couvrir ses frais de voyage pour
Wichita dans l’avion présidentiel, Air Force One.
Des sources militaires ont indiqué qu’une Stratofortress
B-52H s’est rendue à Wichita afin que les ingénieurs de
Boeing puissent l’examiner afin d’y apporter des
modifications destinées à un nouveau programme militaire.
[31] Rien n’a été rapporté concernant les rencontres
privées entre le président Bush Jr. ou les membres de
l’équipe présidentielle, et le personnel de Minot.
Cependant, des articles ont été produits sur les
rencontres entre les familles des militaires et le
président des États-Unis dans son bureau d’Air Force
One.
Le général Moseley, chef d’état-major de l’US Air Force,
avait déjà visité la base de Minot les 14 et 15 mars
2007, soit peu de temps avant que les militaires de
Minot ne se rendent à Wichita. [32] Si une mission secrète
était en cours de préparation, ces événements pourraient
avoir joué un rôle dans la phase de recrutement pour une
importante opération spéciale interne. Après leur
recrutement, les militaires de Minot pourraient avoir
rencontré symboliquement le général Moseley ou des
officiels de la Maison Blanche, pour qu’il soit entendu
que la mission était entérinée par les plus hautes
instances des États-Unis.
Les ordres devaient provenir du sommet : la
trahison du haut commandement
Les ordres devaient provenir du sommet.
Cette opération n’aurait pas été possible sans la
participation de plusieurs individus en poste dans les
échelons les plus élevés de la hiérarchie de l’US Air
Force et du Pentagone.
La seule façon de court-circuiter ces chaînes de
commandement distinctes est « d’être au-dessus d’elles »
(au sommet), et d’avoir la possibilité de superviser
directement l’exécution des ordres.
Ces ordres auraient alors été communiqués dans aux
niveaux inférieurs de la chaîne de commandement de l’US
Air Force, afin de donner l’apparence d’une
soi-disant « supervision ». Une autre possibilité serait
l’existence d’« une chaîne de commandement alternative »,
mais cela nécessiterait également quelqu’un dans les
échelons supérieurs pour tout organiser et superviser.
Le poste donné à Riechers avait une motivation politique,
compte tenu de son expérience dans l’US Air Force.
Riechers avait occupé un poste de responsabilité aux
activités de soutien opérationnel spécial de l’US Air
Force, chose qu’il avait en commun avec Russell Dougherty,
l’ancien commandant du Strategic Air Command. Il
aurait été l’un des individus les mieux adaptés pour faire
des arrangements dans le cas d’une structure de
commandement alternative pour une opération secrète
nucléaire. En outre, il avait déjà un dossier de
corruption pour sa liaison avec le Commonwealth
Research Institute. L’éventuelle implication des
météorologistes et des opérateurs spéciaux de l’US Air
Force soulève de nombreuses questions, comme par exemple
quel était exactement l’objectif de la disparition de ces
armes nucléaires ? [33]
L’enquête
L’US Air Force a publiquement déclaré avoir fait
une « erreur », ce qui est très rare et presque sans
précédent pour une organisation militaire qui tente
constamment d’assurer le peuple états-unien de sa
sécurité.
Toutefois, le fait que soixante-dix membres – ou
davantage – du personnel militaire aient été punis pour la
« perte » des armes nucléaires ne signifie pas que les
officiers supérieurs, responsables d’avoir mené
l’opération spéciale, seront identifiés et punis.
Bien au contraire, l’enquête pourrait en fait donner lieu
au camouflage de la chaîne de commandement, les militaires
de grade inférieur étant accusés et passés en cour
martiale dans la perspective ultime de protéger les hauts
gradés coupables d’un acte de trahison.
La série de décès mentionnée plus haut peut n’avoir aucun
rapport avec le vol du bombardier de Minot à Barksdale,
mais les problèmes de commandement, de contrôle et
d’autorisation ne peuvent être ignorés. Le peuple
états-unien a déjà vécu un cas de trahison qui impliquait
les plus hautes instances du gouvernement, et très
probablement les bureaux du Président et du
Vice-Président.
Une fois de plus, le processus du « C2 » implique le
Bureau du Président, le commandant en chef des armées. Il
s’agit d’une voie hiérarchique solide, sans laquelle les
armes nucléaires n’auraient pu être déployées ou armées
comme elles le furent à la base de Minot. C’est cet
élément de la chaîne de commandement qui constitue le
fondement de l’autorité par laquelle le « contrôle absolu
des armes nucléaires » est maintenu « à chaque instant. »
Avec le temps, il est possible que d’autres militaires
révèlent des informations supplémentaires.
Toutefois, il s’est produit entre temps un dégraissage du
personnel militaire de la base de Minot, qui a commencé à
être dispersé et muté dans d’autres endroits.
Si en raison de leur loyauté envers leur pays, les
États-Unis d’Amérique, ils se présentent et dévoilent ce
qui s’est passé, ils devront être salués avec tous les
honneurs et par tous. Comme l’a dit George Orwell, « dans
une ère de tromperie universelle, dire la vérité devient
un acte révolutionnaire. » Et en vérité, nous vivons bien
dans une époque de mensonges.
Le fait que des officiers de l’US Air Force se soient
fait connaître et aient rapporté cet incident est
contraire aux procédures, aux règlements et aux lois de
l’US Army. Cette dernière ne communique jamais aucune
information qui risquerait de nuire à sa réputation.
Aucune information relative aux armes nucléaires ne peut
être dévoilée sans consultation et aval préalables de la
Maison Blanche.
Les armes nucléaires ont été armées et déplacées
délibérément. Les ordres provenaient obligatoirement des
échelons les plus élevés du gouvernement des
États-Unis.
À quoi exactement étaient-elles destinées ? Font-elles
partie d’un projet de guerre ou de quelque chose
d’autre ?
Bush menace l’Iran avec des armes nucléaires
Les événements internationaux et les manœuvres de guerre
qui ont eu lieu juste après l’incident des armes
nucléaires « perdues » ne font qu’ajouter à la confusion
de cette affaire. Ajoutons à cela les menaces continuelles
du président d’attaquer l’Iran avec des armes nucléaires
et les avertissements répétés du vice-président Cheney sur
une soi-disant deuxième attaque terroriste de grande
envergure contre les États-Unis, qui serait en préparation
avec le soutien de l’Iran.
Aux États-Unis, les exercices militaires Vigilant Shield
2008 (Bouclier Vigilant 2008, tenus en septembre
2007) et l’exercice de contre-terrorisme TOPOFF, ont
envisagé une forme d’attaque terroriste nucléaire sur le
sol des États-Unis. Le rôle de la Russie et de la Chine a
également été pris en compte. Ce dernier serait « un
scénario probable » où, après une attaque états-unienne
contre l’Iran, la Russie et la Chine décideraient
d’intervenir. [34] Dans les exercices militaires Vigilant
Shield 2007, tenus en 2006, la possibilité d’une guerre
nucléaire avec les alliés de l’Iran, la Russie et la
Chine, avait été envisagée dans le scénario.
Le Kremlin a réagi en organisant ses propres exercices
militaires. [35]
Aux déclarations de la Russie avertissant qu’une guerre
contre l’Iran parrainée par les États-Unis pourrait
aboutir à une escalade vers la Troisième Guerre mondiale,
George W. Bush Jr. a répondu par une menace non-voilée de
déclencher cette Troisième Guerre mondiale.
Les six têtes nucléaires n’étaient pas destinées à être
utilisées contre l’Iran. C’est évident car si elles
l’étaient, elles auraient alors été déployées par la voie
des procédures habituelles, sans qu’il soit nécessaire de
cacher quelque chose. De plus, des armes nucléaires sont
déjà prêtes et armées sur le terrain, en Europe et au
Moyen-Orient, pour toute mission éventuelle au
Moyen-Orient. Cet incident cachait quelque chose
d’autre.
Il est également intéressant de noter que les Israéliens
ont lancé une attaque sur une prétendue installation
nucléaire syrienne. Tel Aviv et la Maison Blanche
affirment que cette installation a été construite avec
l’aide de la Corée du Nord. Cet événement a été utilisé,
par le biais de déclarations officielles et d’une campagne
de la désinformation dans les médias, pour dessiner un axe
de prolifération nucléaire Syrie-Iran-Corée du Nord. [36]
En ce qui concerne l’affaire des armes nucléaires «
perdues », des météorologistes et du personnel militaire
spécialistes de l’espace et des composants de missiles
étaient impliqués. L’incident a eu lieu au cours d’une
période où les projets de bouclier antimissile US en
Europe de l’est et en Asie de l’est, dirigés contre la
Russie et la Chine, faisaient monter la tension et les
craintes internationales. Le 23 octobre 2007, le président
Bush Jr. a déclaré : « La nécessité d’une défense
antimissile en Europe est réelle et je crois que c’est
urgent. » [37]
La guerre nucléaire, la militarisation de l’espace, et le
« bouclier antimissile » sont des processus militaires
étroitement liés. Un parfum de primauté nucléaire flotte
dans l’air. L’un des objectifs de l’US Army est de
se protéger elle-même contre la riposte éventuelle de la
Russie, de la Chine ou des deux, qui ferait suite à une
frappe préventive américaine. [38] La militarisation de
l’espace est aussi profondément liée à ce projet
militaire. À l’instar de leurs connaissances avancées sur
le projet de bouclier antimissile américain, les Russes et
les Chinois ont eu vent de ces ambitions et sont
pleinement conscients de ce que les États-Unis ont
l’intention de faire.
Article original en anglais, “Missing Nukes: Treason
of the Highest Order“, publié le 29 octobre
2007. Pour lire cet article en anglais, cliquez
ici.
Traduction: Dany Quirion et Pétrus Lombard pour
Alter
Info. Révisé par Nicolas Gourio pour
Mondialisation.
Notes
[1] Sarah Baxter, US hits panic button as air
force ‘loses’ nuclear missiles, The Times (U.K.) du
21 octobre 2007.
[2] Les « Nuclear Reactions Data Centres » estimaient
aussi que le stock de W80-1 comportait au total 1400
ogives en réserve, en plus de 900 ALCM stockés sans leur
ogive.
[3] Baxter, Op. cit.
[4] John Andrew Prime, Barksdale bombers expand B-52
capabilities, The Shreveport Times du 27
août 2007.
[5] Baxter, Op. cit. ; Le major général Newton est aussi
chargé de formuler la politique de soutien aérien,
spatiale, nucléaire, de contre-prolifération, du
territoire national, de la météo et des cyber opérations.
En tant qu’homme-clef de l’Air Force, spécialiste des
questions nucléaires et de la contre-prolifération, il a
été impliqué dans la planification d’une guerre contre
l’Iran, dans les préparatifs des attaques israéliennes en
Syrie et dans la préparation de la guerre israélienne
contre le Liban en 2006.
[6] Robert Stormer, Nuke transportation story has
explosive implications, Fort Worth Star-Telegram du 8
octobre 2007.
[7] Ibid. ; Pour aider à assurer une sécurité adéquate à
bord des navires, TLAM-N est protégé par un système
d’alarme de détection d’intrusion, qui indique les
intrusions par un signal visuel et sonore. Ce système se
situe dans un poste habité en permanence, capable
d’envoyer une équipe de sécurité.
[8] Ibid.
[9] Ibid.
[10] Ibid.
[11] Michael Hoffman, B-52 mistakenly flies with nukes
aboard, Military Times du 10 septembre 2007 ; des sources
d’Associated Press ont aussi fait le même rapport.
Military Times a simplement modifié son article et AP a
retire son rapport sur la base d’une erreur factuelle.
[12] Bureau de l’Inspecteur Général, ministère de la
Défense US, Year 2000 Status of the Defense Threat
Reduction Agency Nuclear Weapon Information Tracking
Systems, Rapport N ° 99-235 (19 août 1999).
[13] Michael Hoffman, Commander disciplined for nuclear
mistake, Militarty Times du 7
septembre 2007.
14] Minot Airman dies while on leave, Affaires publiques
de la base de l’Air Force de Minot, 12
septembre 2007.
[15] Body of missing Air Force captain found, Associated
Press, 10
septembre 2007.
[16] Kimberly Wilson, Portland police seek Air Force
weatherman missing on trip, The Oregonian, 5 septembre
2007.
[17] Éléments de l’US Air Force chargés des soins et des
traitements médicaux au personnel en théâtre de guerre et
des astronautes de retour de l’espace. Ce sont les seuls
membres de l’US Army spécialement formés et équipés pour
conduire, en première mission, les opérations de
récupération du personnel en zones hostiles ou contestées.
[18] Les victimes d’un accident de moto samedi sont
identifiées, The Sheveport Times, 16
septembre 2007 ; Notice of Active Duty Death, The
Bombardier, 21
septembre 2007, p.1.
[19] John Andrew Prime, Caddo deputies work double
fatality accident, The Shreveport Times, 15
septembre 2007.
[20] Minot Airman dies in motorcycle accident, Affaires
publiques de la base de l’Air Force de Minot, 17
juillet 2007.
[21] Minot Airman identified, Affaires publiques de la
base de l’Air Force de Minot, 5
juillet 2007.
[22] Authorities identify Minot airman killed in crash,
Associated Press, 5 juillet 2007.
[23] Sarah Baxter, US hits panic button as air force
‘loses’ nuclear missiles, The Times (U.K.) du 21 octobre
2007.
[24] Air Force official found dead, The Tribune-Democrat,
16
octobre 2007 ; Ginger Thompson et Eric Schmitt, Top
Air Force Official Dies in Apparent Suicide, The New York
Times, 16
octobre 2007.
[25] Robert O’Harrow Jr., Air Force Arranged No-Work
Contract: Experts Question Official’s Deal With Nonprofit,
The Washington Post, 1er
octobre 2007, p.A01.
[26] Ibid.
[27] Top US Air Force official ‘suicided’ [sic] as Iran
war nears, Pravda, 16
octobre 2007.
[28] Yvonne Shinhoster Lamb, Nécrologie : Russell E.
Dougherty, The Washington Post, 13 octobre 2007, p.B06.
[29] General Dougherty, former SAC commander, dies, The
Bombardier, 21
septembre 2007, p.9.
[30] Deb Reichmann, Bush Raises Money for Kansas Senator,
Associated Press, 15
juin 2007.
[31] Warbirds meet commander and chief, Affaires
publiques de la base de l’Air Force de Minot, 22
juin 2007.
[32] Le sergent Trevor Tiernan, CSAF visites Minot,
Affaires publiques de la base de l’Air Force de Minot, 16 mars 2007.
[33] Infra. N.38.
[34] Mahdi Darius Nazemroaya, Vigilant Shield 2008:
Terrorism, Air Defences, and the Domestic Deployment of
the US Military, Centre for Research on Globalization
(CRG),
6 octobre 2007; Michel Chossoduvsky, Dangerous
Crossroads: US Sponsored War Games, Centre for Research on
Globalization (CRG), 6
octobre 2007; The March to War: NATO Preparing for
War with Serbia? Centre for Research on Globalization
(CRG), 19
octobre 2007.
[35] Michel Chossudovsky, New Cold War: Simultaneously,
Russia and America Conduct Major War Games, Centre for
Research on Globalization, 16
octobre 2007.
[36] Comme preuve, les gouvernements des États-Unis et
d’Israël citent l’arrivée d’un navire nord-coréen avec une
cargaison prétendument liée au nucléaire, mais un fait
suffit pour écarter cette allégation. Le gouvernement US a
mis en place un programme international illicite de
surveillance des mers et du trafic maritime,
l’International Proliferation Initiative (IPI). En vertu
de l’IPI, les États-Unis ont illégalement arrêté des
navires nord-coréens et les ont inspectés, surtout quand
ils étaient soupçonnés de transporter des matériaux
suspects. La Corée du Nord n’a pas donné d’autorisation
pour l’inspection les navires. Les navires de l’US Navy et
de l’OTAN ont virtuellement bouclé le Moyen-Orient au
niveau maritime, depuis l’Océan Indien jusqu’à la Mer
Rouge et la Mer Méditerranée. Si le navire nord-coréen
transportait des matières nucléaires, il n’aurait jamais
atteint la Syrie.
[37] Missile shield is ‘urgent’ – Bush, British
Broadcasting Corporation (BBC), 23
octobre 2007.
Les États-Unis sont bien en train de mettre en œuvre les
recommandations du Project for the New American Century
(PNAC) ; « [Les États-Unis doivent] développer et déployer
des défenses antimissiles pour défendre leur patrie et
leurs alliés, et procurer une base solide à l’avancée de
la puissance US dans le monde, » et « contrôler les
nouveaux « droits internationaux » de l’espace et du
cyberespace, et ouvrir la voie à la création d’un nouvel
organisme militaire, l’US Space Forces, avec la mission de
contrôler l’espace. »
Thomas Donnelly et autre, Rebuilding America’s Defenses:
Strategy, Forces, and Resources For A New Century (Le
projet pour le nouveau siècle états-unien : septembre
2000).
[38] Il convient ici de noter deux choses en ce qui a
trait à la physique et à la physique de la magnétosphère.
Premièrement les explosions nucléaires dans l’air sont
différentes à bien des égards de celles au sol (notamment
au niveau de la contamination), mais les conditions
météorologiques et la direction du vent sont les
principales inconnues, ou variables. Deuxièmement, la loi
naturelle fondamentale de l’énergie stipule que l’énergie
ne disparaît jamais, elle n’est que changée ou transférée.
L’énergie provenant des explosions nucléaires peut être
transférée théoriquement dans les champs de radiations
magnétiques de la Terre, appelés ceintures de Van Allen,
et utilisée pour dynamiser et exciter diverses particules,
particules subatomiques et ions. En théorie, ces
manipulations pourraient avoir des résultats nuisibles sur
une surface étendue, notamment brûler l’électronique et
les appareils de communication, et des applications
militaires comme perturber les satellites dans l’espace.
Si c’était possible, il serait facile de neutraliser les
moyens de défense militaire russes, chinois, iraniens ou
indiens, ainsi que leurs communications et leurs
installations de missiles.
Ces ceintures de radiations se propagent
aussi en boucles. Théoriquement, une impulsion énergétique
propagée depuis une région des États-Unis pourrait
parcourir la moitié de la superficie du globe.
En fait, l’US Army a mené des expériences de
manipulation des ceintures de radiations depuis la fin de
la Seconde Guerre mondiale. Le Project Argus de l’US Navy,
ayant eu lieu d’août à septembre 1958, en est un exemple.
Dans le but de manipuler les ceintures de Van Allen, cinq
armes nucléaires ont été utilisées : trois bombes
atomiques (armes utilisant la fission nucléaire) ont
explosé au-dessus de l’Océan Atlantique et deux bombes à
hydrogène ou thermonucléaires (armes utilisant la fusion
nucléaire) ont explosé dans l’Océan Pacifique.
[Mahdi Darius Nazemroaya est un auteur indépendant
basé à Ottawa et spécialisé dans les affaires du
Moyen-Orient. Il est chercheur associé au Centre de
recherches sur la mondialisation.]
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