En
1979, Paul Bennewitz dirigeait à Albuquerque (Nouveau
Mexique) une petite entreprise d’électronique nommée la
Thunder Scientific Corporation. C’était un physicien et
un inventeur brillant. Il s’intéressait aussi beaucoup
aux OVNI, et il enquêtait pour l’APRO (Aerial Phenomenon
Research Organization - Organisation de recherche
sur les phénomènes aériens), le groupe ufologique de
l’Arizona fondé par Jim et Coral Lorenzen. De sa maison
située à la périphérie d’Albuquerque, Bennewitz avait
vu, ainsi que d’autres personnes, d’étranges lueurs
nocturnes dans le ciel au-dessus du Centre d’essai de
Manzano, à l’extérieur d’Albuquerque. Elles semblaient
apparaître presque tous les soirs et voler en direction
de Coyote Canyon, qui faisait également partie du
secteur de la Base Aérienne de Kirtland, tout comme le
Laboratoire National Sandia et le Laboratoire Phillips,
dans lesquels se déroulaient des recherches extrêmement
secrètes pour le gouvernement.
Début 1980, Paul Bennewitz observa et filma des objets
qu’il avait observés au sol et en l’air à proximité de
la base aérienne de Kirtland et du centre d’essai de
Manzano. On rapporte que son épouse, Cindy, assista
aussi aux premiers atterrissages dont il fut témoin et
qu’il filma dans le secteur de Coyote Canyon. Par la
suite - le 24 octobre 1980 – il prit contact avec le
commandant Ernest Edwards, de la Kirtland Security
Police qui, au cours des mois suivants, s’en inquiéta et
ordonna aux gardes de la zone de stockage d’armes de
Manzano de lui signaler toute observation de lueurs
aériennes inhabituelles.
Début août 1980, trois gardes rapportèrent l’observation
d’une lueur dans le ciel qui était descendue en
direction de la réserve militaire de Sandia. Ernest
Edwards signala l’observation à Richard Doty, l’agent
spécial de l’AFOSI (Air Force Office of
Special Investigations – le bureau des enquêtes
spéciales des forces aériennes), sans savoir que Russ
Curtis (le chef de la sécurité à Sandia) avait déjà
prévenu Doty qu’un garde de la sécurité de Sandia avait
observé un objet en forme de disque près d’une
structure, quelques minutes après les trois gardes de
Manzano. Dans son rapport officiel, Doty joignit les
rapports des trois gardes et plusieurs autres, les
faisant parvenir au QG de l’AFOSI à Washington DC.
À partir de là, de nombreuses personnes se trouvèrent
impliquées. Bennewitz fut convoqué sur la base de
Kirtland à une réunion à laquelle assistèrent plusieurs
officiers de l’Armée de l’Air et des personnels de
Sandia, dont un général de brigade aérienne. Ernest
Edwards confirme que les trois gardes sous son
commandement rapportèrent bien ce qui a été décrit et
que la réunion eut bien lieu. Richard Doty et Jerry
Miller, conseiller scientifique du centre d’essai et
d’évaluation de la base aérienne de Kirtland, interrogea
Bennewitz chez lui, à la périphérie de la base de
Manzano. Ils examinèrent ses films et bandes
magnétiques, puis Miller, ancien enquêteur à la base
aérienne de Wright-Patterson dans le cadre du Projet Bluebook (Livre
Bleu), conclut que les films montraient effectivement
des objets aériens non identifiés. Ils remarquèrent
aussi tout l’assortiment d’équipements électroniques de
surveillance que Bennewitz avait pointé en direction de
Manzano. L’AFOSI ne souhaita pas poursuivre les
investigations, mais planifia un examen des données
existant sur Bennewitz par le personnel de
Wright-Patterson. L’AFOSI procéda également à une
vérification des antécédents de Bennewitz. La chose est
confirmée par un document signé par Thomas A. Cseh,
commandant du détachement d’enquête de la base.
Finalement il y a l’ensemble des documents émis par le
QG de l’AFOSI, sous couvert du Ministère de l’Armée de
l’Air, relatant les incidents décrits.
Entre-temps, en 1979 ou 1980 (les traces de l’année sont
imprécises), Bennewitz et le Dr. Leo Sprinkle,
psychologue et ufologue réputé, avaient enquêté sur le
récit que leur avait fait Myrna Hansen, une femme
profondément perturbée. Elle affirmait que son jeune
fils et elle avaient vu un OVNI alors qu’ils roulaient
sur une route de campagne, près de Cimarron, dans le
nord-est du Nouveau-Mexique. Le Dr. Sprinkle hypnotisa
sa patiente, avec son accord, et pendant trois mois
Bennewitz et Sprinkle entendirent une histoire très
insolite.
Sous hypnose madame Hansen déclara qu’elle avait non
seulement vu plusieurs OVNI ce jour-là, mais qu’elle
avait aussi été témoin de l’enlèvement de bétail – et
que son fils et elle avaient également été abductés par
les aliens et emmenés dans une base secrète souterraine
où ils virent le bétail se faire mutiler et saigner à
blanc, et des cuves contenant des morceaux de corps
humains. Elle raconta de plus qu’on lui avait placé un
implant sur le corps et un sur celui de son fils et que
les aliens pouvaient contrôler leur esprit par
l’intermédiaire de ces dispositifs.
Bennewitz crut le récit de la femme, et que celui-ci
était en quelque sorte lié aux lueurs qu’il voyait
au-dessus de Manzano. Il se mit à filmer lesdites
lueurs, accumulant plus de 800 m
de pellicule. Il en arriva aussi à croire qu’il pouvait
recevoir des signaux des engins qu’il observait. Il
construisit des antennes et des récepteurs pour capter
des transmissions électromagnétiques basse-fréquence
qu’il croyait provenir des vaisseaux aliens. Bennewitz
nomma sa « mission » Projet Bêta.
Ceux qui ont vu les films et entendu les bandes des
transmissions radio basse-fréquence affirment que
Bennewitz a, sans l’ombre d’un doute, filmé et
enregistré des phénomènes réels.
Dans une démarche qui allait ultérieurement lui amener
des ennuis, Bennewitz rédigea un programme informatique
qu’il affirmait capable de traduire les transmissions
radio aliènes. Il en arrivait maintenant à croire qu’il
interceptait les messages transmis par les aliens aux
dispositifs de contrôle mental tels que ceux que Myrna
Hansen disait avoir été implantés sur elle et sur son
fils.
Le 10 novembre 1980, Bennewitz présenta de nouveau ses
preuves, cette fois-ci à des haut-gradés de l’Air Force,
dont le général de brigade aérienne William Brooksher.
Il est consigné dans le compte rendu de cette réunion
qu’on a conseillé à Bennewitz de demander des subsides à
l’Armée de l’Air afin d’étudier les phénomènes. Une fois
encore cependant, l’AFOSI refusa d’enquêter dessus
lui-même.
Bennewitz n’allait pas abandonner aussi facilement. En
plus de ses rapports réguliers expédiés à l’APRO, il
contacta les sénateurs US Harrison Schmidt et Peter
Domenici en même temps que d’autres enquêteurs OVNI,
tels que Linda Moulton Howe et John Lear.
L’APRO avait, dès 1982, décidé de vérifier les
affirmations de Bennewitz. William Moore, qui était un
de leurs directeurs et un ancien instituteur devenu
écrivain et ufologue, fut missionné pour parler avec
Bennewitz. Moore avait acquis une certaine célébrité
dans le domaine des OVNI en coécrivant (avec Charles
Berlitz) The Philadelphia Experiment et The
Roswell Incident.
L’affaire de Bennewitz était maintenant devenue
passablement compliquée. Il raconta à Moore que les
transmissions aliènes qu’il avait captées indiquait que
deux types d’aliens avaient envahi les États-Unis. Les
paisibles « Blancs » et les méchants
« Gris ». Les Gris, qu’il donnait comme
responsables des mutilations de bétail et de
l’enlèvement d’humains, avaient passé un traité avec le
gouvernement des États-Unis les autorisant à construire
une base souterraine secrète sous le Pic Achuleta, sur
la réserve indienne de Jicarillo, près de Dulce, au
Nouveau-Mexique. Les aliens étaient néanmoins sur le
point de rompre le traité...
Cette histoire déjà complexe offrit un rebondissement
supplémentaire lorsque Moore confessa plus tard
publiquement avoir été recruté par un certain Falcon (nom de
code) pour égarer Bennewitz en lui communiquant de
fausses informations. Il affirma qu’il recevait ses
ordres d’un agent de l’AFOSI, et que pendant quatre ans
on lui avait demandé de fournir à Bennewitz des
informations fausses, dont le Document Verseau,
forgé de toutes pièces. Cette désinformation incluait la
« vérification » de ce que Bennewitz pensait
des « Gris » et de la base souterraine de
Dulce.
Paul Bennewitz devint de plus en plus paranoïaque,
affirmant que les aliens pénétraient la nuit dans sa
chambre en traversant les murs et qu’ils lui injectaient
des produits chimiques. Il commença à placer des armes à
feu et des couteaux un peu partout chez lui. Il dut
finalement être hospitalisé pour
« épuisement », et il mourut peu de temps
après, le 23 juin 2003.